Alfred Gadenne, bourgmestre (CDH) de Mouscron. © Belga

Polémique autour d’un mur « anti Gens du voyage » à la frontière française

À la demande de la Ville de Mouscron, la municipalité française de Wattrelos, située de l’autre côté de la frontière, va ériger un mur de plus de deux mètres de haut et de 100 mètres de long pour séparer le village d’Herseaux Ballons d’une aire d’accueil pour les gens du voyage.

Le terrain, qui accueille actuellement treize familles sédentarisées, doit être aménagé pour accueillir jusqu’à 25 caravanes. Ce qui n’est pas au goût des riverains belges qui se plaignent d’une recrudescence des vols dans le secteur.

Selon les dires du bourgmestre de Mouscron, Alfred Gadenne (cdH), ce vendredi, la demande d’ériger un tel mûr viendrait de la population. « On veut simplement sécuriser les lieux pour éviter que les gens du voyage passent trop facilement la frontière en prenant le sentier ou la petite route qui se trouvent derrière le centre d’accueil, qui est un projet français sur lequel nous n’avons aucune emprise. » « Le but n’est pas de cacher ces gens, mais bien de mettre en place un dispositif plus sécurisant », a expliqué le bourgmestre à la Dernière Heure.

« Le mur est un projet français »

Ce lundi, le bourgmestre de Mouscron a cependant tenu à préciser que le projet de construction d’une aire réservée aux gens du voyage à la limite du territoire de Mouscron est un projet purement français déposé par la commune de Wattrelos. « Dans ce projet déposé, les autorités municipales françaises ont prévu d’ériger un mur. La ville de Mouscron n’a pas de responsabilité concernant ce projet qui est intégralement prévu sur le territoire français », informe le service presse de la cité des Hurlus.

Contrairement à ce qu’avaient indiqué les autorités municipales de Wattrelos, la ville de Mouscron ne leur aurait jamais demandé de construire un mur. « Ce projet est français et ce n’est pas correct que les Français disent que ce mur est une demande du bourgmestre de Mouscron », s’est insurgé Alfred Gadenne lundi.

« Un mur n’a jamais apporté de solutions »

Selon la société Vesta qui gère la présence des Gens du voyage, ce camp ne pose aucun problème et ce mur ne va servir à rien. « Il va faire l’objet de dégradations, car les gens vont se sentir stigmatisés. Cela va poser plus de problèmes qu’en résoudre. »

Selon Georges-Henri Beauthier, un avocat réputé dans ce type de dossiers, « jamais dans l’histoire un mur n’a apporté de solutions. Au contraire, il a toujours été la preuve d’un échec, d’une impossibilité de se parler ou de dialoguer », a-t-il réagi auprès de La Libre. « De plus, il est légalement impossible de défendre ce mur. Non seulement au bord d’une frontière il entrave la liberté de circulation, mais en plus il stigmatise clairement une population européenne particulière. Et même si des problèmes liés à cette présence existaient, il était possible d’y apporter des réponses dans le cadre d’un État de droit. Un tel projet témoigne de l’étouffement de nos sociétés incapables de dialoguer. »

Écolo Mouscron a également tenu à réagir dans un communiqué relayé par l’Avenir. « Il faut construire des ponts entre les communautés, ce qui s’avère beaucoup plus utile et plus pertinent que des murs », ont-ils affirmé. « Le ressenti de la population est à entendre et il faudra travailler avec les riverains, non seulement pour casser les clichés, mais également pour rendre agréable les lieux de vie de toutes et tous », dit encore Écolo Mouscron.

De son côté, la direction du CDH n’a pas réagi.

Alfred Gadenne sera interrogé lundi soir par l’opposition écologiste et socialiste lors du conseil communal. L’annonce de la construction de ce mur suscite de vives réactions et notamment sur les réseaux sociaux. Un élu socialiste se demande même « quelle hauteur doit avoir un mur afin d’empêcher la bêtise humaine ? « 

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