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Plus de 45% des femmes journalistes ont été harcelées ou agressées

Seule la moitié des femmes journalistes n’a jamais été victime d’harcèlement ou d’agression alors que 70% des hommes ont échappé à ce type de violence, ressort-il d’une étude menée par trois chercheuses de l’Université libre de Bruxelles (ULB) et de l’Université de Mons (ULB), publiée vendredi.

Dans leur étude « Être femme et journaliste en Belgique francophone », Florence Le Cam, Manon Libert et Lise Ménalque se sont demandé ce qui pouvait entraver la poursuite du métier de journaliste, en particulier lorsqu’on est une femme.

Outre les pressions exercées au travail ou la difficile conciliation entre vies privée et professionnelle, des « violences organisationnelles » sont pointées du doigt.

Un questionnaire diffusé entre septembre et octobre 2018 a récolté 507 réponses, dont 54% d’hommes et 46% de femmes. Il en ressort que 32,5% des répondants ont déjà été victimes au moins une fois d’harcèlement moral, 5% d’harcèlement sexuel et 4% d’une agression.

Ces résultats cachent une forte disparité de genre. En effet, 70% des hommes affirment n’avoir jamais été victimes de harcèlement ou d’agression, contre 53,5% pour leurs collègues féminines. En outre, 40,5% des répondantes ont déjà subi un harcèlement moral (contre 25% des hommes). 11% ont été harcelées sexuellement alors qu’aucun homme n’a témoigné d’une telle violence. Concernant les agressions, presque autant d’hommes (4%) que de femmes (3%) en ont été victimes.

Des violences banalisées

L’étude montre que les victimes de rapports sexistes ou de domination dans la rédaction sont toujours majoritairement des femmes. Ainsi, 57% des sondées ont déjà subi une discussion à caractère sexuel non souhaitée (20% des répondants). Trois quarts des femmes ont été victimes au moins une fois d’un discours dénigrant sur leur genre alors que 70% des hommes n’ont jamais été confrontés à ce genre de situation.

Face aux dérapages ou aux violences, les femmes se taisent, constatent les chercheuses. « Les femmes n’osent pas parler et les hommes n’osent imaginer ce qu’elles vivent », décrit Florence Le Cam.

Ces violences organisationnelles sont banalisées. « C’est tellement courant dans le milieu médiatique, que c’est intériorisé par les femmes et les hommes. Nous avons reçu le témoignage d’une femme qui disait avoir déjà subi un attouchement mais que ‘ce n’était pas si grave' », illustrent les chercheuses.

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