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Plus de 2.000 appels à la ligne verte pour les victimes de violences sexuelles

La ligne d’écoute gratuite pour les victimes de violences sexuelles a reçu 2.076 appels entre son lancement, le 17 novembre 2016 et le 31 octobre dernier, a indiqué vendredi Joëlle Delmarcelle, coordinatrice de l’ASBL SOS Viol, chargée de répondre aux appels.

Cette dernière constate depuis la mise en place de cette ligne verte une hausse de 30% des appels dits « cliniques », soit concernant une violence sexuelle et non une demande d’information.

SOS Viol a reçu 1.848 appels cliniques au numéro vert 0800/98.100, soit une hausse de 30% par rapport à 2016, avant la mise en place de cette ligne. « Un pourcentage significatif et interpellant qui démontre la nécessité de la ligne verte », a souligné Mme Delmarcelle. Malgré ces chiffres jugés « encourageants », la prise de parole reste confrontée à plusieurs obstacles. « La victime a peur de ne pas être crue, de ne pas être entendue », explique la coordinatrice de SOS Viol, qui souligne également la banalisation de la violence.

Au total, l’association a reçu 2.076 appels, soit 5 par jour. L’anonymat de l’appelant et la confidentialité de la conversation sont assurés. Les femmes restent les principales victimes de violences sexuelles: 81% des appels concernaient des victimes féminines contre 8% pour des victimes masculines. Le reste (11%) étaient des demandes d’information.

La plupart des appelants étaient majeurs au moment de l’appel mais un petit pourcentage d’appels a été passé par des personnes mineures. Plus de trois quarts des victimes (78%) connaissaient leur agresseur. Les viols, en ce compris conjugaux ou collectifs, représentaient 73% des appels, l’attentat à la pudeur 14% et l’inceste 10%.

Différents suivis sont proposés aux victimes: 17% des appelants ont été réorientés vers les services d’aide aux victimes, la police, les hôpitaux, d’autres associations… Une consultation – sociale, psychologique et/ou juridique – a été proposée à 46 % des victimes, un rappel ultérieur à 18% des appelants et 17% des victimes sont suivies via la permanence téléphonique. Une plainte a été déposée par 23% des victimes.

Plus de 90% des appels ont été émis depuis la Communauté française, principalement depuis Bruxelles. SOS Viol étant installée dans la capitale, elle y bénéficie en effet d’une meilleure notoriété, explique Mme Delmarcelle. Un petit nombre d’appels provenait de Flandre, de France ou d’un pays anglophone.

La ligne d’écoute gratuite a été mise en place l’an dernier en Fédération Wallonie-Bruxelles à l’initiative de la ministre des Droits des femmes, Isabelle Simonis et du ministre des Maisons de justice, Rachid Madrane.

Tous deux ont décidé, à la lumière de ces chiffres, de dégager un budget de 60.000 euros – le triple de 2016 – pour améliorer la notoriété de la ligne verte. Une campagne de sensibilisation et d’information à destination du grand public sera relancée, étalée sur plusieurs mois pour éviter de concentrer les appels sur une même période. Affiches et cartes de visite seront diffusées dans les transports en commun, le milieu médical (salles d’attentes, hôpitaux) ainsi que dans les fédérations et clubs de sport reconnus de la FWB. Un emploi à mi-temps supplémentaire va également renforcer l’équipe de SOS Viol, déjà composée de 5 temps pleins.

Par ailleurs, les horaires d’écoute seront étendus. SOS Viol a en effet constaté que 19% des appels reçus étaient tombés sur le répondeur téléphonique. La ligne verte n’est accessible que lors des heures de bureau, soit du lundi au vendredi de 9h00 à 17h00. A partir du premier trimestre 2018, une extension horaire – de 8h00 à 18h00 du mardi au vendredi – sera testée pendant 6 mois. « Nous évaluerons si cela correspond à des besoins », explique Isabelle Simonis. « Si nous constatons que cette extension nécessite des ressources humaines supplémentaires, j’ai déjà prévu dans mon budget la possibilité de les financer. »

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