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Plans « Grand Froid » renforcés dans les villes wallonnes

Stagiaire

La vague de froid qui touche la Belgique met en danger des centaines de personnes précarisées ou sans domicile. Les initiatives de protection ont été renforcées : plus de repas distribués, plus de lits disponibles, voire même un hébergement forcé à Etterbeek.

Chaque année, de novembre à mars, les villes belges mettent en place leur plan « Grand Froid » pour porter une aide aux personnes précarisées et à celles sans domicile. Proposer un lit, un espace sanitaire, un repas chaud, parfois simplement un moment de convivialité autour d’un café. Le dispositif prévoit un accueil de jour et de nuit dans différentes villes wallonnes.

Avec un budget de près de 445.000 euros de la Région wallonne, les structures du Plan Grand Froid peuvent accueillir 354 personnes à travers treize abris situés dans toute la Wallonie. A Bruxelles, ce sont plus de 1000 places qui sont disponibles.

Au vu des températures exceptionnellement basses annoncées pour cette semaine, ces dispositions ont été renforcées afin de prévenir les risques d’hypothermie, voire de décès dû au froid.

A Liège

La ville de Liège, le relais social et d’autres partenaires publics et associatifs collaborent pour mettre en oeuvre le plan Hiver: distribution de repas chauds, mise à disposition de sanitaires et d’hébergements. Douches et logements sont aussi proposés dans le centre liégeois de la Croix-Rouge.

Les structures liégeoises proposent 70 lits jusque fin mars, auxquels peuvent s’ajouter une vingtaine de lits si nécessaire. « Consigne est donnée par les autorités communales de ne laisser personne dormir à la rue contre sa volonté » annonce la ville. « Des mesures exceptionnelles peuvent alors être prises par le bourgmestre. Pour la semaine à venir, des solutions supplémentaires d’hébergement seront activées si nécessaire. »

A Charleroi

Le plan Grand Froid du relais social de Charleroi prévoit 90 lits en période hivernale. Cette semaine 12 lits supplémentaires y seront ajoutés. Le CPAS de la ville applique une politique d’« accueil inconditionnel », veillant à ce que tous ceux qui en émettent la demande soient accueillis.

En cas d’urgence, les personnes dans le besoin peuvent être logées dans une des salles de la gare de Charleroi, comme ce fut le cas il y a deux ans indique la DH.

A Namur

La ville de Namur dispose de 63 places, réparties entre un abri de nuit et la caserne de Jambes qui peut être ouverte si nécessaire. Des structures namuroises proposent également un accueil de jour et des repas.

Si les dispositifs d’urgence viennent à être saturés, les services sociaux reçoivent parfois des propositions d’hébergement émanant des citoyens. L’organisation est alors assurée par le relais social et par l’ASBL Une main tendue.

A Bruxelles, des centres saturés

Les personnes dans le besoin sont accueillies lors des périodes hivernales par le Samusocial, dont les structures permettent de loger près de 1000 personnes, et de leur offrir un repas chaud ainsi qu’un petit-déjeuner. Des spécialistes sont disponibles pour des consultations médicales et psychosociales.

Au début du mois de février, les centres bruxellois sont arrivés à saturation, avec 973 personnes logées, majoritairement des hommes (603 hommes seuls, d’autres en famille). Face à la vague de froid frappant la Belgique et à l’augmentation des demandes d’hébergements, notamment pour les familles, le Samusocial a pris des mesures d’urgence. Il a ouvert de nouvelles places pour mettre à l’abri entre 80 et 90 personnes en familles, et une centaine d’hommes, répartis sur deux centres. Le 6 février, le Samusocial accueillait notamment 157 enfants.

En complément à l’action de l’organe bruxellois, la Croix-Rouge héberge également 340 personnes dans la capitale chaque soir. Ces centres sont également complets. En région bruxelloise, ce sont donc au total près de 1400 personnes qui sont abritées chaque soir.

Mobilisation renforcée de la Croix Rouge

L’action de la Croix-Rouge est elle aussi intensifiée à Bruxelles comme en Wallonie. Heures d’ouverture des centres d’accueil élargies et distribution accentuée de repas, de couvertures, de vêtements chauds et de colis d’urgence. Le plan hivernal de la Croix-Rouge se poursuit jusqu’au 31 mars. Il existe grâce aux dons. Chaque année, il coûte un demi-million d’euros.

La police mobilisée

Malgré ces dispositifs supplémentaires, certains sans-abris demeurent dehors malgré le froid. Pour les protéger des risques vitaux entraînés par ces températures glaciales, le bourgmestre d’Etterbeek, Vincent De Wolf, a décrété une ordonnance de police imposant l’arrestation administrative des sans-abris qui refuseraient d’intégrer les hébergements d’hiver.

« Chaque sans-abri devra être conduit dans une salle chauffée de la commune » explique le bourgmestre. « Un médecin sera consulté afin de déterminer si l’état de santé de la personne la mettrait en danger si elle retourne à l’extérieur. Selon l’avis du médecin, elle pourra être gardée à l’intérieur jusqu’à l’aube suivante.« 

L’ordonnance a été décrétée ce dimanche. Et pour cette première nuit, la police a procédé à dix arrestations, selon la VTM. Une action qui sera renouvelée toutes les nuits jusqu’au 8 mars.

Le bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close, a lui aussi indiqué que la police serait mobilisée auprès des sans-abris qui refuseraient un hébergement, mais sans prendre d’ordonnance. « L’intervention de la police visera surtout les enfants en rue, avec la collaboration du parquet de la jeunesse », a indiqué la porte-parole du bourgmestre, Wafaa Hammich. « Pour les adultes, ce sont les travailleurs sociaux qui resteront en première ligne et qui pourront solliciter les services de police au besoin ».

Oriane Renette.

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