Liesbeth Van Impe

Plaidoyer pour les modérés

Oui, il y en a encore, des Flamands modérés. Des Flamands estimant que des réformes sont certes indispensables, mais qui ne veulent pas la fin du pays. Ni à court ni à long terme. Des Flamands qui appellent de leurs voeux une Belgique meilleure et non pas sa liquidation.

Par Liesbeth Van Impe, Editorialiste au Nieuwsblad

Plusieurs sondages indiquent que leur nombre est plutôt élevé. Non sans s’en étonner, ces Flamands modérés regardent comment, ces derniers mois, Elio Di Rupo en personne fait campagne pour Bart De Wever. C’est comme si le PS oeuvrait pour assurer enfin la majorité absolue aux nationalistes flamands.

Tout avait pourtant commencé sous de bons auspices, ce 14 juin. Elio Di Rupo menait les négociations comme futur Premier ministre. Il s’acquittait d’ailleurs pas mal de sa tâche. Après deux mois, il a jeté l’éponge. Sa colère était humainement compréhensible. Mais il aurait mieux fait de se rappeler la leçon de tous les Premiers ministres qui l’ont précédé : un candidat au 16, rue de la Loi n’a pas le droit de renoncer.

Depuis, c’est la guerre froide, avec la scission de la Belgique comme arme de dissuasion ultime. Ni le PS ni la N-VA ne disent s’en inquiéter. Alors qu’il y a tout lieu de se faire des soucis. Il n’existe pas de plan raisonnable pour procéder au partage du pays. Tous les Belges finiraient par payer très cher la note d’un plan B.

Entre-temps, le PS ne cesse de mettre De Wever en valeur et vice versa. Plus ils se tirent dessus, plus leur étoile monte dans leur camp. La manière dont Di Rupo a descendu en flammes la note de De Wever en fut l’une des meilleures illustrations. Trop vite, trop violent, trop peu de nuances. La riposte de Di Rupo a eu comme résultat que la moitié des Flamands se sont dit que la haute qualité du travail de réflexion de De Wever était incontestable. Quiconque veut démontrer que sa critique est équilibrée doit d’abord faire entendre la voix de la raison. Il n’en fut rien.

Il en va de même quand De Wever attaque Di Rupo : celui-ci est alors paré à tous les coups de l’auréole de principal et unique protecteur des intérêts des francophones. Il ne faut dès lors pas être surpris que les deux partis montent toujours plus dans les sondages.

Philippe Moureaux disait récemment que le « non » des francophones en 2007 s’est retourné contre eux et a préparé le succès électoral de la N-VA. Permettra-t-on sottement que l’histoire se répète ? Décidément, les temps actuels ne sourient pas aux modérés.

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