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Picqué ne renonce pas à défendre Bruxelles

Le Vif

Le ministre-président bruxellois se prépare à quitter le gouvernement bruxellois qu’il a dirigé durant près de 20 ans, mais il entend continuer à défendre Bruxelles, depuis la commune de Saint-Gilles dont il redeviendra le bourgmestre au quotidien dans quelques jours, mais aussi depuis le parlement régional où il compte exercer son mandat de député.

« J’ai 65 ans, j’arrête car j’estime qu’il faut réduire le volume d’activités et préparer la relève. Mais je vais continuer mon travail parlementaire et je compte rester dans le coup », a affirmé vendredi soir celui qui assumera encore la vice-présidence du PS.

A quelques heures de sa dernière allocution en tant que ministre-président de la Région bruxelloise dans le cadre de la Fête de l’Iris, Charles Picqué n’a pas caché sa satisfaction d’avoir pu faire fonctionner ‘avec d’autres cette Région bruxelloise très complexe, lieu de rencontre de beaucoup de niveaux de pouvoir, gérée par une majorité politique composée de nombreux partis, dotée de moyens financiers limités » et donner corps à la rénovation urbaine, la remise en ordre de l’urbanisme, ainsi qu’à des politiques sociales et économiques.

Pour lui, cela a requis une démarche d' »assemblier » à l’image de réalisations dans le quartier emblématique de Flagey, à Ixelles: il a fallu mobiliser les Communautés pour sauver l’ancien édifice de l’INR, la Région pour réaliser le bassin d’orage en concertation avec la commune pour le parking, et Beliris (fédéral) pour rénover les étangs.

Cette même Région bruxelloise a contribué à renforcer l’identité bruxelloise dans le climat d’incertitude institutionnel ambiant, a poursuivi le ministre-président sortant. « Bruxelles doit conserver sa valeur d’exemple de loyauté à la fois à sa Région et à sa Communauté », selon l’appartenance de ses mandataires. « Ce modèle compliqué est une chance pour le pays. Je crois qu’il y aura encore des réformes, mais on est amené à coopérer à éviter des concurrences entre Communautés et Régions sur un territoire grand comme un confetti », a-t-il commenté.

Face au défi de la multiculturalité, Charles Picqué a réitéré son credo dans la nécessité d’encourager la mixité culturelle et surtout sociale pour lutter contre le repli social « qui pousse au repli sur sa communauté ». Le ministre-président sur le départ n’a pas caché que la Région bruxelloise n’avait pas été en mesure de relever le défi de la mobilité « qui est au-dessus de ses forces car il exige de gros investissements et dépend d’autres acteurs comme la SNCB.
Pour lui, c’est l’illustration-type du manque moyen dont Bruxelles a trop longtemps souffert et qui a empêché la Région de doter la capitale d’un réseau de Transports Publics suffisamment performant pour répondre à la demande dans un contexte d’accroissement de la population ».

D’après Charles Picqué, dans une réforme institutionnelle plutôt favorable à Bruxelles, les moyens complémentaires destinés à la mobilité resteront très limités en comparaison avec les dépenses consacrées aux transports publics dans les autres grandes capitales. La mobilité est, selon lui, un des dossiers prioritaires de la future communauté métropolitaine qui doit servir à trouver une solution à des problèmes communs aux régions limitrophes sans toucher aux compétences des uns et des autres.

Charles Picqué a par ailleurs estimé que la sociale-démocratie restait le modèle de référence pour le développement de Bruxelles au 21ème siècle « car elle est capable de faire, sans dogmatisme, la synthèse des choses qui rendent possible la réussite d’un projet de ville, partant du principe pragmatique qu’il n’y a pas de vitalité économique sans justice sociale ».

Au-delà de la vie politique, le ténor bruxellois du PS espère trouver du temps pour l’écriture et pour l’un ou l’autre voyage. Passionné, depuis l’adolescence, de l’étude des insectes, Charles Picqué rêve ainsi de se rendre dans le Mato Grosso, un des États amazoniens du Brésil pour observer de rares espèces de fourmis. « Mon médecin m’a toutefois mis en garde pour des raisons sanitaires. Donc, si vous ne me voyez pas, c’est que j’y suis parti et si vous ne me voyez plus, c’est que j’y serai resté », a-t-il ironisé.

Demotte et Milquet parlent d’un apport « historique » de Charles Picqué

Le ministre-président de la Région wallonne et de la Fédération Wallonie-Bruxelles Rudy Demotte (PS) et la ministre de l’Intérieur Joëlle Milquet (cdH) ont rendu hommage samedi au ministre-président bruxellois Charles Picqué qui s’apprête à quitter ses fonctions. Rudy Demotte salue « tant l’Homme d’Etat défenseur résolu de ses concitoyens que le partenaire loyal d’une collaboration privilégiée ».

A l’occasion de la Fête de l’Iris, Rudy Demotte a souligné « l’action durable et déterminante que Charles Picqué a déployée pour Bruxelles et les Bruxellois ». Le ministre-président de la Région wallonne estime que « peu d’hommes auront tant que lui contribué à mener leur institution à maturité ». Rudy Demotte a également mis en avant le « travail aussi obstiné que patient » de Charles Picqué en deux décennies pour faire notamment de Bruxelles une région à part entière et est admiratif de l’évolution « spectaculaire » de la Région bruxelloise. Il se félicite enfin des liens noués entre la Région wallonne et bruxelloise et entre cette dernière et la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Joëlle Milquet a elle estimé que Charles Picqué « a donné avec talents et convictions un visage convivial et une place définitive dans notre pays ». Elle met en avant ses qualités: visionnaire, intelligent, fédérateur, tolérant, ouvert à tous, affable et respectueux. La ministre de l’Intérieur se félicite enfin de la volonté de Charles Picqué de poursuivre son travail parlementaire.

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