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Pic des demandes d’asile en Belgique: « Le robinet reste ouvert! », s’insurge Francken

L’Office des étrangers a enregistré 2.117 demandes d’asile en juillet, un chiffre interpellant puisque c’est la première fois depuis janvier 2016 que le seuil des 2.000 est dépassé, rapportent mardi Sudpresse, De Morgen et Het Laatste Nieuws. « Cette augmentation est un peu relative à ce stade. Il faudra voir si la tendance à la hausse se confirme ou s’il s’agit d’un épiphénomène », réagit Benoît De Boeck, expert politique au Ciré (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers), contacté par Belga.

« On est très loin du pic de 2015 », explique Benoît De Boeck. Cette année-là, 12.133 demandes avaient été enregistrées entre le 1er janvier et le 31 juillet, contre 10.643 en 2016, 10.871 en 2017 et 11.048 en 2018, explique l’expert politique. Pour 2015, une grande partie des dossiers avaient été comptabilisés entre mai et décembre, avec un pic à 6.830 en septembre. Et 74% du nombre total de requêtes avaient été introduites sur les six derniers mois. Tout laisse à penser « qu’on n’atteindra pas les chiffres de 2015″, estime Benoît De Boeck, tout en jugeant qu' »il est trop tôt pour dire quoi que ce soit ».

Selon Sudpresse, les demandes mensuelles tournaient autour des 1.700 – 1.800 en moyenne depuis début 2018, avec un pic à 2.117 en juillet (+22% par rapport à juin). Sur les sept premiers mois, les Syriens restent les plus nombreux à introduire un dossier (1.824) devant les Afghans (896), les Palestiniens (763), les Irakiens (730) et les Géorgiens (471).

Selon le cabinet du secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, Theo Francken, cité dans Sudpresse, les requêtes émanant de Palestiniens, de Guinéens et de Turcs ont doublé. « Il y a parallèlement une forte augmentation du nombre de dossiers ‘Dublin’ ce qui démontre qu’il y a des courants migratoires secondaires au sein même de l’Europe. »

« La Belgique paie le prix amer d’un manquement de la politique européenne »

Toujours dans les colonnes du journal, Theo Francken estime par ailleurs que la Belgique « paie le prix très amer d’un double manquement de la politique européenne ».

« Il n’y a toujours pas de protection stricte des frontières européennes, car l’on continue à accueillir, dans les ports européens, des bateaux avec des migrants illégaux. L’Italie avait à peine fermé ses ports que le flux migratoire se fait maintenant à partir des ports espagnols! De cette façon, le robinet reste ouvert! », pointe-t-il, avant de s’en prendre à la procédure Dublin.

« Trop de demandes »

« Nous devons traiter beaucoup trop de demandes de personnes dont l’asile a déjà été rejeté dans un autre pays européen. Nous essayons de les ramener aussi vite que possible dans ce pays-là, mais nous sommes tributaires de la collaboration de ce pays en question. Les directives européennes actuelles en matière d’asile sont impraticables et doivent être retravaillées d’urgence. »

Campagne de dissuasion

Le secrétaire d’Etat annonce dès lors qu’il continuera à s’investir dans des campagnes visant à dissuader les demandeurs d’asile potentiels de faire le voyage vers la Belgique, comme il en a déjà mené en Albanie ou en Géorgie. Concernant la procédure Dublin, le Ciré pointe pour sa part la « mise en orbite des demandeurs d’asile au sein même de l’Union européenne et la répartition inéquitable des dossiers ». « Que Dublin ne fonctionne pas, c’est un fait », argue Benoît De Boeck.

« Cette procédure a pour résultat d’empêcher une série de personnes d’introduire une demande de protection dans des pays où leurs proches ou leur communauté se trouvent déjà », souligne-t-il.

« Certains n’osent pas introduire de dossier par peur de renvoi ou placement en centre fermé et cherchent à rejoindre l’Angleterre. D’autres reçoivent un ordre de quitter le territoire, ne le font pas et restent sans réel statut. Et d’autres atterrissent dans des pays débordés au niveau du réseau d’accueil (Grèce, Italie, Espagne), voire parfois xénophobes », explique encore l’expert politique, réclamant que la Belgique fasse usage de la clause de souveraineté (qui permet à un Etat de renoncer au transfert vers le pays responsable et de traiter lui-même une requête, ndlr).

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