© Belga

Petits partis : le Parti Populaire et son Etat fédéral fort

Le Parti Populaire, c’est la droite décomplexée, revendiquent ses fondateurs, qui, pour faire connaissance, sont partis en vacances ensemble, en Toscane, en juillet dernier… Mischaël Modrikamen et Rudy Aernoudt se sont beaucoup revus depuis.

Co-présidé par l’avocat Mischaël Modrikamen et par Rudy Aernoudt, le fondateur début 2009 de LiDé (le nouveau parti de droite mort en bas âge), le Parti Populaire (PP) veut se battre pour un Etat fédéral fort, à mille lieues du confédéralisme, « ce séparatisme masqué » comme le qualifie Rudy Aernoudt. Le PP propose, pour arriver à cet Etat fort, la création d’une circonscription nationale unique pour l’élection de la moitié des députés fédéraux. Les candidats se présenteraient devant l’ensemble du corps électoral, devant les Wallons, les Flamands et les Bruxellois, avec un programme élaboré pour tous, et non plus, comme c’est le cas actuellement, avec des propositions destinées à séduire la seule communauté linguistique à laquelle ils appartiennent .

Un projet fédéral « Vous allez voir que le discours va changer, prêche Rudy Aernoudt. S’ils doivent se présenter à l’ensemble du peuple, et tenir compte de ce que veulent les Belges, plus un candidat flamand n’osera faire des Wallons les boucs émissaires, et plus aucun candidat francophone ne se lancera dans une surenchère stérile. Actuellement, aucun parti traditionnel ne se présente avec un projet fédéral. Et pourtant, pour les élections communales, le candidat se présente devant tous les électeurs de la commune, à la province ou à la Région, c’est pareil. Pourquoi pas alors au niveau du pays ? »

Dans ce modèle, les membres de l’autre moitié de la Chambre seraient élus sur base des circonscriptions provinciales, c’est pourquoi il faut scinder BHV, estime le PP. « Plus aucune raison de s’y opposer, puisque ce sera BHV partout, explique le co-président : tout citoyen pourra voter pour des candidats des autres Régions. » Les Sénateurs seraient également élus dans la circonscription nationale unique. L’électeur aurait ainsi trois bulletins de vote à remplir.

Mais les Flamands pourront continuer à exercer la loi du nombre, même si l’on impose des quotas de Wallons et de Bruxellois. « Il faut imposer un enseignement bilingue, répond, un peu court, Aernoudt, comme cela les gens n’auront plus de raison de se faire la guerre. Il ne faut plus réfléchir le pays en termes linguistiques. Les frontières entre régions sont des frontières administratives, pas linguistiques. »

Payer l’impôt où l’on travaille Le PP propose également le dégraissage des institutions : suppression des communautés et des provinces, pour se concentrer sur le fédéral et trois régions à part entière. « En ce qui concerne Bruxelles, c’est surtout les esprits de certains partis politiques qu’il faudrait élargir, poursuit le co-président. Le PP est favorable à une « Brussels Metropolitan Region », dans l’esprit de la capitale fédérale des Etas-Unis, Wahington. Quand le Maryland et la Virginie, les deux Etats entre lesquels la capitale est enclavée, veulent faire leur promo commune, c’est sous le slogan « Invest in Great Washington ». Et en ce qui concerne le financement de Bruxelles, je pense qu’il faut appliquer le principe de Berlin : les impôts doivent en partie être perçus dans la région où l’on travaille, et en partie dans celle où on habite. Avec plus de 300.000 navetteurs, Bruxelles s’en sortirait très bien. »

Taxer les loyers Des impôts dont l’assiette doit être élargie. « Il y a de moins en moins de gens qui travaillent, et c’est sur eux qu’on ponctionne… » Le PP propose donc de globaliser tous les revenus, ceux du travail, mais aussi du capital et les revenus réels de l’immobilier (les loyers), et d’adopter trois étages de taxation, avec un maximum de 29% (au-delà de 50.000€ de revenus). L’impôt des sociétés devrait être aligné.

Sans surprise, le PP veut aussi encadrer dans le temps les allocations de chômage, limiter le nombre de fonctionnaires, sabrer dans les dépenses de l’Etat. Il est partisan du maintien des centrales nucléaires, et se prononce pour un big bang en matière de Justice et de sécurité, parce que, précise le manifeste du PP, « le peuple a besoin d’une justice rapide, accessible et compréhensible à tous ». Ce chapitre-là, c’est Mischaël Modrikammen qui l’a écrit, précise Rudy Aernoudt.

MICHEL DELWICHE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire