© iStock Photos

Pensions: une réforme complexe qui fait débat

La réforme des pensions (système de points…) sera complexe et méritera une information exhaustive auprès de la population, est-il ressorti mardi de l’audition du ministre Daniel Bacquelaine venu présenter sa note d’orientation politique en Commission de la Chambre.

Plusieurs éléments de la réforme nécessitent encore des précisions et la Commission de réforme des pensions présidée par Frank Vandenbroucke sera sollicitée sur la définition des métiers pénibles et les conditions d’organisation de la pension partielle (assimilations…) proposée alternativement au crédit-temps. Au-delà, les partenaires sociaux se saisiront de la matière, notamment de la question des tantièmes, à savoir le régime de carrière plus favorable pour les métiers pénibles.

Vincent Van Quickenborne et Egbert Lachaert (Open Vld) auraient souhaité une réponse immédiate sur le sort des cheminots, qui peuvent partir à la pension à 55 ans. Admettant la légitimité de cette question, le ministre a renvoyé à la concertation sociale. « Il y aura un moment de cohabitation entre l’actuel et le futur système, ce sera complexe », a admis M. Bacquelaine invité par Peter De Roover (N-VA) et Sonja Becq (CD&V) à une information suffisamment claire sur le nouveau système.

Georges Gilkinet (Ecolo) a souligné qu’après la réforme, et notamment dans l’enseignement, il faudra « travailler plus pour une pension moindre », ce que le ministre a contesté.

Catherine Fonck (cdH) a demandé un régime transitoire.

Frédéric Daerden (PS) a soutenu que le ministre tenait un double discours en indiquant dans les médias belges que seul 10% de la population travaillera à terme jusqu’à 67 ans, et devant l’Europe, que des réformes structurelles étaient réalisées en vue d’améliorer la situation budgétaire.

Le ministre a contredit une étude de la KUL avancée par Raoul Hedebouw (PTB) selon laquelle 6 femmes sur 10 devront continuer à travailler jusqu’à 67 ans. M. Bacquelaine a cité des chiffres de l’administration selon lesquels 6,11% des travailleurs continuent jusqu’à 65 ans dans le privé et 10,62% dans le secteur public.

Catherine Fonck (cdH) a pour sa part reproché au ministre de vouloir « américaniser » le système de pension en reportant les insuffisances du premier pilier sur le second, inégalitaire. Elle a appelé à une correction du deuxième pilier, notamment au bénéfice des femmes et des secteurs non marchands.

Karin Temmerman (sp.a) a reproché au gouvernement de considérer l’enveloppe Bien-être comme une simple compensation au saut d’index. De son côté, le ministre a assuré que les allocations de pension minimales seront revalorisées.

La répartition des moyens de l’enveloppe sera décidée en groupe de travail. M. Bacquelaine a également confirmé que la revalorisation interviendra par la voie fiscale. Il existe des possibilités telles que le crédit d’impôt, a-t-il précisé.

Globalement, l’opposition a indiqué que le gouvernement prenait d’autorité toutes les décisions qui mettront les futurs pensionnés en difficulté, laissant à plus tard un espace à la concertation sociale sur les éléments résiduels. Elle a également dénoncé la suppression du bonus pension, que le ministre a justifiée eu égard à son obsolescence dans le nouveau système de pension.

« Nous ne faisons pas tout ceci par masochisme ou sadisme. C’est une nécessité absolue. Si nous ne faisions pas de réforme structurelle, la responsabilité serait particulièrement lourde pour les générations futures », a conclu M. Bacquelaine.

Contenu partenaire