Jean-Francois Tamellini (FGTB), commission des Affaires sociales, au Parlemet fédéral, le 29 juin 2015 © Belga Image

Pensions: les partenaires sociaux confirment leurs divergences de vues sur l’avenir des pensions

L’audition, à la demande de l’opposition, lundi en commission des Affaires sociales de la Chambre d’experts sur les pensions a permis de mesurer avec un peu plus d’acuité le fossé qui sépare les représentants des patrons et des travailleurs sur la réforme voulue par le gouvernement Michel et sur l’avenir du système de retraite.

Sur le banc patronal, on applaudit l’initiative visant à repousser l’âge légal de la pension à 67 ans et à rallonger les carrières. « Nous sommes en faveur du projet qui doit permettre de préserver l’avenir de nos pensions », a indiqué Marie-Noëlle Vanderhoven (FEB) se félicitant de l’attention portée par le gouvernement à la concertation sociale. « Enfin », s’est réjouie Caroline Deiteren (Unizo) évoquant « une réforme attendue depuis les années ’80 ».

La FEB a justifié l’évolution préconisée par le gouvernement par la nécessité de ramener le coût des pensions à un niveau raisonnable. Il s’agit, selon elle, d’anticiper sur l’amélioration de l’espérance de vie. Du côté syndical, on regrette au contraire que le gouvernement ait corseté sa réforme de telle manière qu’il laisse peu d’espace à la concertation. Sur le fond, les trois syndicats sont opposés à la réforme et aux arguments patronaux qui la sous-tendent. Il ne faut pas « globaliser » l’évolution de l’espérance de vie, a ainsi souligné Jean-François Tamellini (FGTB), détaillant, statistiques à l’appui, les différences régionales et socio-économiques. Relativisant le coût des pensions alors que leur niveau est un des plus bas d’Europe, en raison de la prise en compte de carrières longues pour une pension complète, il a appelé à prendre en compte l’élément productivité – la richesse produite par les travailleurs – dans la redistribution des revenus.

Enfin, il a mis en garde contre un transfert de charges vers les autres branches de la Sécurité sociale, beaucoup d’ex-prépensionnés risquant de souffrir de problèmes de santé en fin de carrière. La situation précaire des femmes a également attiré l’attention des experts, Magdeleine Willame-Boonen, la présidente du Conseil de l’Egalité des Chances entre Hommes et Femmes regrettant l’absence d' »analyse d’impact sérieuse » des mesures en projet. L’ex-patron de l’administration de l’Emploi, Michel Jadot, a admis la nécessité d’adapter les pensions à l’évolution de la société en insistant la nécessité du « choix » des futurs pensionnés. Selon lui, il conviendrait de permettre aux travailleurs âgés de raccrocher dès 60 ans en tenant compte de la « pénibilité » des fonctions. Au-delà, il a évoqué une enquête de la Mutualité socialiste qu’il préside selon laquelle les travailleurs sont disposés à prolonger leur carrière si le bien-être y est privilégié, une valeur qu’ils placent au-dessus des conditions financières. Le vote de la réforme est attendu mardi en commission.

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