"Cette question me paraît effectivement intéresser les Wallons", a insisté le député Ecolo, Stéphane Hazée © BELGA

Pendant ce temps-là, au Parlement wallon…

Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Un mercredi sur deux, c’est séance plénière au Parlement wallon. Quand l’actualité politique est trop tendue, on y esquive l’affrontement en parlant de la Bernache du Canada ou des directeurs de centres sportifs.

C’était la première séance plénière au Parlement wallon, depuis « le coup de Lutgen ». Tous les députés étaient là. Tous ? Oui, à peu près tous. La mise entre parenthèses de l’actualité politique régionale n’a pas décuplé l’absentéisme. Mais soyons honnêtes, elle a considérablement allégé l’agenda : questions d’actualité réduites à la portion congrue et aucun point soulevé en urgence. Aucun ? Ah non, Stéphane Hazée (Ecolo) aurait bien aimé interroger le toujours ministre-président Paul Magnette (PS) sur « la continuité de l’action gouvernementale ». Sa demande a été balayée par le président de l’assemblée, André Antoine (cdH), sous le prétexte oiseux qu’on ne questionne pas un ministre sur les déclarations d’un tiers. Comme coup de botte en touche, on avait déjà vu mieux étayé.

« Cette question me paraît effectivement intéresser les Wallons », a insisté le député Ecolo, avec l’approbation du toujours ministre-président, qui aurait manifestement bien aimé y répondre en séance plénière. L’échange a été vigoureusement applaudi sur les bancs PS et Ecolo, fait notoire dans une assemblée où, en général, on ne frappe des mains que pour soutenir l’un de siens. Le ministre de l’Agriculture et de l’Environnement René Collin (cdH) peut le confirmer, lui dont l’intervention sur la grippe aviaire n’a été saluée que par les quelques élus humanistes. Et on peut vous l’assurer, ça ne fait pas beaucoup de bruit des bancs humanistes, quand il n’y a plus de socialistes et pas encore de libéraux pour y ajouter des décibels…

Le vainqueur de l’applaudimètre du jour fut le député Patrick Prevot (PS), l’une des « vedettes » de la Commission publifin. Ce mercredi, il ne s’intéressait toutefois pas à la prolifération des jetons de présence mais à celle de « la bernache du Canada », une espèce d’oie sauvage qui cause bien des dégâts dans nos campagnes. Ce thème a provoqué l’hilarité d’une assemblée qui avait sans doute besoin d’un sujet aussi incongru pour évacuer la tension ambiante. Patrick Prevot parvint à retrouver son sérieux pour regretter que « la Région wallonne n’avait pas pris la pleine mesure du phénomène » et qu’il y avait clairement ici « un manque de prévention ». Aurait-il osé pareille conclusion quinze jours plus tôt, quand le parti du ministre responsable (René Collin) collaborait toujours fidèlement au PS ? Nous n’aurons jamais la réponse à cette question essentielle…

Pour le reste, les échanges questions-réponses sont restés cantonnés dans le domaine technique, sans la moindre allusion à cette étrange situation politique, à cette période d’entre deux majorités. L’exception à la règle proviendra du ministre des Pouvoirs locaux Pierre-Yves Dermagne (PS), l’homme qui risque d’avoir l’un des plus courts mandats au gouvernement wallon (il a succédé à Paul Furlan à la fin janvier). Il devait se prononcer sur le sort des directeurs de centres sportifs. Une convention collective de travail revalorise leurs salaires mais ni la Région ni les Communes, c’est-à-dire ceux qui paient ces salaires, n’ont été associées à cette convention. Doivent-elles dès lors la respecter ? « Je suis peut-être de la vieille école, a répondu Pierre-Yves Dermagne, mais je suis de ceux qui considèrent que quand un contrat est signé, il faut s’y tenir. » Une réponse qui visait autant Benoît Lutgen que les directeurs de centres sportifs.

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