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Peines incompressibles : « instaurer une période de sûreté pour tranquilliser la société »

Denis Ducarme, député MR, a fait du dossier des peines incompressibles son cheval de bataille depuis l’annonce de la possible libération de Michelle Martin. Aujourd’hui il a obtenu la réouverture du débat au parlement et demande que les juges puissent avoir la possibilité d’assortir une période de sûreté à condamnation pour les crimes « horribles ».

Pourquoi est-il important de rouvrir ce débat maintenant ?

Avec le MR, nous avons décidé de rouvrir le débat sur la libération conditionnelle au premier semestre 2011, lors de l’annonce de la possible libération de Michelle Martin qui avait suscité beaucoup d’émotion au sein de la population. Cela a été très difficile pour nous d’arriver à ramener ce débat au sein du parlement, car certains voulaient que ce soit négocié exclusivement dans le cadre de l’accord gouvernemental. Notre but, est de rouvrir le débat et de faire part de notre volonté de réinstaurer une période de sûreté qui correspond, selon nous, à un besoin de la société.

Que demandez-vous exactement ?

Nous ne remettons pas en cause le principe de libération conditionnelle. Nous voulons instaurer la possibilité pour le juge d’assortir la peine de prison d’une période de sûreté pendant laquelle le condamné devra rester emprisonné. Mais ce serait applicable uniquement pour les crimes que nous qualifions d’horribles : les crimes sexuels sur des enfants ou des personnes affaiblies, des actes de terrorisme ayant entraîné la mort, des prises d’otages ayant entraîné la mort, etc. Aujourd’hui, de manière résumée, les personnes condamnées pour un premier crime peuvent demander une libération conditionnelle après un tiers de leur peine et les récidivistes après deux tiers. Nous voudrions faire passer ces périodes à deux tiers et trois quarts, si nécessaire. Mais nous ne voulons pas couper la personne du système de réinsertion, nous voulons simplement que la peine prononcée au moment du jugement soit pleinement assumée par la société.

Est-ce que la mise à disposition du gouvernement des personnes libérées sous conditions ne suffit pas ?

Notre volonté est qu’au moment du jugement et de la proclamation de la peine, au moins une partie fixée de la peine soit prestée. Nous voulons éviter de provoquer un choc dans la société lorsque des criminels sortent de prison beaucoup trop tôt, comme ça a été le cas dernièrement avec Michelle Martin. On veut éviter l’effet de surprise. De toute façon, cela ne concernerait qu’une ou deux personnes par an : celles qui ont commis des crimes véritablement horribles. Nous voulons avoir la certitude que des « monstres » ne se retrouveront pas libérés trop tôt.

Depuis que le tribunal d’application des peines décide de la libération conditionnelle des détenus, il y a moins de libération. Est-ce positif selon vous ?

Dans notre démarche, nous n’avons pas de critique à émettre vis-à-vis du tribunal d’application des peines, nous ne remettons absolument pas en cause leur travail. Nous voulons juste veiller à tranquilliser la société en instaurant la possibilité pour le juge que la peine prononcée soit davantage en cohérence avec la peine effectuée pour les crimes très graves.

Le Vif.be, MG

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