Gérald Papy

Pays-Bas : il n’y a pas de fatalité à la progression des extrêmes

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

La droite populiste de Geert Wilders en net recul. L’extrême gauche contenue. Même en temps de crise, le discours de la raison et de la responsabilité peut être entendu.

En provoquant des élections anticipées après avoir retiré son soutien au gouvernement libéral-démocrate-chrétien de Mark Rutte, le leader de la droite populiste néerlandaise Geert Wilders tablait sur le rejet de l’Union européenne par un nombre présumé grandissant de Néerlandais. Chez nos voisins jadis chantres de la tolérance, la dénonciation du Grec ou de l’Européen du Sud « fainéant et dispendieux » commençait aussi à avoir ses adeptes.
Pari perdu pour Geert Wilders. Les élections législatives de mercredi aux Pays-Bas ont consacré le succès des libéraux du VVD de Mark Rutte, le Premier ministre sortant, et des travaillistes du PvdA de Diederick Samson, prêts, (avec quelques nuances pour le second) à se conformer aux prescriptions budgétaires européennes. Avec 80 sièges sur les 150 que compte la Chambre basse du Parlement, le VVD (41 élus) et le PvdA (39) sont appelés à former une coalition qui fera un peu figure d’ « union nationale en temps de crise ».
Les formations aux discours extrémistes sont renvoyées à leur « niche » : 15 élus pour le PVV de Geert Wilders, soit une perte de 9 sièges, et 15 élus, soit un statu quo, pour le Parti socialiste (SP, extrême gauche) d’Eric Roemer, pourtant promis en cours de campagne à une forte progression.

Enfin, ce scrutin consacre un changement fondamental de la scène politique néerlandaise. La bipolarisation entre les démocrates-chrétiens et les travaillistes, longtemps au coeur du débat électoral, fait aujourd’hui place à un duel entre libéraux et travaillistes tant l’effondrement de l’Appel démocrate-chrétien (CDA) s’avère inéluctable : 44 élus en 2003, 42 en 2006, 21 en 2010 et 13 aujourd’hui.

Cette désaffection du « vote social-chrétien » a une résonnance particulière en Belgique, singulièrement au Nord du pays, où le CD&V est en perte de vitesse depuis plusieurs années face à une N-VA certes plus offensive au plan communautaire mais aussi plus libérale en matière économique. C’est aussi à l’aune du succès du parti de Bart De Wever que l’on peut répondre aux critiques émises à l’encontre du président de l’Open VLD : pourquoi Alexander De Croo ne réussit-il pas là où Mark Rutte vole de victoire en victoire ?

Gérald Papy

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