Liesbeth Homans © BELGA

Pauvreté infantile en Flandre: « Avec cette politique, on ne peut s’attendre à une baisse »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

L’indice de précarité pour la Région flamande a augmenté de près d’1% entre 2016 et 2017 et s’élève désormais à 13,76% révèle Kind & Gezin, le pendant flamand de l’ONE. L’information ne surprend guère les spécialistes.

Le rapport révèle également que l’indice de précarité pour les enfants dont la mère n’est pas belge d’origine (33,5%) est bien plus élevé que celui des enfants qui ont une mère belge de naissance (6,1%), souligne Nele Wouters, porte-parole pour Kind en Gezin.

En juin 2016, Liesbeth Homans, ministre flamande de la Lutte contre la Pauvreté, a pourtant décrété qu’elle allait réduire de moitié la pauvreté infantile en Flandre. Interrogé par le quotidien De Morgen, le spécialiste de la pauvreté Wim Van Lancker (KULeuven) souligne que l’index de la précarité grimpe depuis dix ans. En cause selon lui, la politique du gouvernement qui ne fait pas ce qu’il faut et échoue à appliquer des mesures structurelles.

Responsabilité du gouvernement

« Les parents doivent avoir accès au marché du travail. S’ils ne peuvent travailler, ils doivent percevoir un bénéfice suffisamment élevé. Ils doivent également trouver un logement abordable et de qualité. C’est la responsabilité des gouvernements flamand et fédéral, mais ils ont gravement manqué à leur devoir », explique-t-il.

Pour Van Lancker, Liesbeth Homans porte une lourde responsabilité. Elle est en effet non seulement en charge de la Lutte contre la pauvreté, mais aussi du Logement et les chiffres de Kind en gezin révèlent que plus de la moitié des enfants défavorisés sont mal logés. Le spécialiste estime qu’elle pourrait accorder beaucoup plus de subsides locatifs de sorte que les personnes vulnérables pèsent plus lourd sur le marché privé et trouvent un logement de qualité.

D’après lui, les repas à un euro, l’un des fers de lance de la politique de Liesbeth Homans pour lequel elle a prévu 1,2 million d’euros, ne servent qu’à combattre les symptômes. Interrogée sur son ambition de réduire la pauvreté infantile de moitié, elle répond : « Aucune réponse à cette question n’est bonne. Si je dis non, je n’ai pas assez d’ambition, si je dis oui, on va dire que ce n’est pas réaliste du tout. »

Homans sur la sellette

Liesbeth Homans (N-VA), est sous le feu des critiques après les conclusions qu’elle a tirées du rapport sur la pauvreté infantile. Kind&Gezin conteste le lien fait par la mandataire nationaliste entre l’augmentation de cette pauvreté et l’afflux de réfugiés, tout simplement parce qu’il est fondé sur un document qui n’existe pas.

Groen a déposé une motion de méfiance au parlement flamand qui se réunit ce mercredi en séance plénière. En 2017, la proportion d’enfants de 0 à 3 ans vivant dans la pauvreté en Flandre s’élevait à 13,76%, soit près d’1% de plus que l’année précédente.

La ministre a défendu les efforts fournis par son gouvernement mais qui, selon elle, sont rattrapés par l’évolution de la société. L’augmentation du nombre de réfugiés que la Flandre doit accueillir est l’un des facteurs qui expliquerait cette croissance. L’an passé, 65,1% des enfants qui grandissent dans la misère avaient une mère qui n’avait pas la nationalité belge, indiquait-elle.

« Nous constatons que beaucoup de mères de ces enfants sont des réfugiées qui viennent par exemple de Syrie et d’Afghanistan. Depuis 2014, la part de leur enfants dans le total des enfants qui grandissent dans la pauvreté a augmenté de 38% », expliquait-elle dans un communiqué.

Un expert de la KU Leuven, Wim Van Lancker, a mis en doute cette conclusion. Le rapport en question ne contient aucune donnée relative aux réfugiés, a-t-il souligné. Réponse de la ministre: il existe un rapport complémentaire, qui n’est pas en ligne mais qui fait la distinction entre les réfugiés et les autres catégories de personnes…

Or, selon Kind&Gezin , un tel rapport n’existe pas, tout simplement parce que l’institution ne recense pas selon le critère de réfugié mais seulement en tenant compte de l’origine des personnes.

Les écologistes accusent la ministre d’avoir menti et de s’être défaussée de sa responsabilité sur les personnes les plus fragiles.

Belga

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