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Paul Magnette met en marche la machine PS

Le Vif

Le président faisant fonction du PS, Paul Magnette, a posé les jalons de son accession à la tête du parti lors de son premier congrès dimanche, face à un millier de militants réunis à l’université libre de Bruxelles (ULB).

Le président du PS Paul Magnette a appelé dimanche à un « engagement citoyen » visant à « arrêter » l’Europe libérale et conservatrice et la remplacer par une Europe sociale dont il appelle l’avènement à travers un « six-pack de gauche » promouvant le juste échange, un salaire minimum, un financement de la dette par la BCE, la suppression des paradis fiscaux, une politique industrielle et la taxation des transactions financières.

« Puisque la droite a son six-pack, nous aussi nous avons le nôtre », a dit Paul Magnette en référence au paquet de mesures législatives européennes relatives à la gouvernance économique. « Voilà notre Europe! Celle qui doit protéger et rapprocher le citoyen », a lancé le président à l’occasion de son premier congrès du PS, face à un millier de militants réunis à l’université libre de Bruxelles (ULB). Les socialistes belges peuvent y arriver, comme ils ont fait battre en retraite Bolkestein et sa directive dérégulant les services publics, a-t-il précisé.

Opération « Citoyens engagés »

S’exprimant devant les huiles socialistes, dont le Premier ministre Elio Di Rupo, les représentants de la FGTB, et plusieurs personnalités du sp.a, le président faisant fonction a posé les jalons de son accession à la tête du parti en l’engageant sur la voie d’une nouvelle « opération de réflexion collective » baptisée « Citoyens engagés » et visant à faire vivre ses valeurs.

Près de deux cents experts venant d’horizons différents ont d’ores et déjà contribué à cette réflexion, chacun à travers un texte d’une dizaine de pages. L’opération se décline en 25 thématiques et plus de 120 questions. D’ici quelques jours et jusqu’à la fin du mois de septembre, les fédérations et les sections locales, ainsi que tous les élus et les militants PS organiseront des activités autour de ces thèmes, avec l’Action commune (Mutualité et syndicats). Tout cela mènera à la rédaction d’un document de synthèse à l’automne.

« Nos citoyens sont en colère, contre les multinationales qui laminent l’emploi, contre les banques, les fraudeurs, les tripatouilleurs. Utilisons cette colère », a plaidé Paul Magnette citant Jaurès qui disait que « le socialisme est le fils de la colère ».

Réforme fiscale et participation du capital

Face aux militants, le remplaçant d’Elio Di Rupo, lui-même empêché par sa fonction de Premier ministre, a défendu dimanche, comme il l’avait fait lors des Voeux de Nouvel An, le choix de la « responsabilité » fait par le parti socialiste, à tous les niveaux de pouvoir. Ce choix, qui entraîne des compromis parfois difficiles et des critiques en période de crise, n’empêche pas le PS de démontrer sa capacité de résistance et d’engagement, a assuré Paul Magnette, égrenant les acquis conservés, les avancées obtenues et les propositions formulées dans un contexte où d’autres pays pratiquent une austérité sauvage. « Vous ne m’entendrez jamais dire ‘sans nous, ce serait pire’ (…). Même si résister est une partie essentielle du travail socialiste », a-t-il exhorté.

Parmi les chevaux de bataille, Paul Magnette a évoqué la nécessité d’une grande réforme fiscale passant par la participation du capital, une rengaine dont le président faisant fonction récuse le caractère chimérique. Cette transformation est en cours, a-t-il assuré. « Sur les 19 milliards d’assainissement, plus de 6 milliards (soit 1/3 de l’effort ! ) provient directement de la contribution du capital et de la lutte contre la fraude fiscale », une politique à charge du secrétaire d’Etat John Crombez, présent dimanche aux côtés du vice-premier ministre Johan Vande Lanotte.

« En un an, les socialistes ont fait plus que d’autres en 12 ans », a-t-il dit, une pierre dans le jardin de Didier Reynders. « Et John, tu as chassé Bernard Arnault », a ajouté Paul Magnette, appelant à ce que tous les paradis fiscaux finissent par disparaître. Présenté par d’aucuns comme un parti arc-bouté sur les acquis sociaux, Paul Magnette a mis la droite au défi. « J’entends parfois certains dire que le PS est conservateur. On va voir qui est conservateur », a-t-il dit, énonçant les propositions socialistes méritant selon lui d’être votées: l’impôt sur les grosses fortunes, le recyclage au profit des PME de ce qu’il reste des intérêts notionnels, un impôt minimum sur les grandes sociétés, la taxation des plus-values spéculatives, etc.

« Le vent est en train de tourner »

Parfois débordé sur sa gauche, le PS mis en garde face aux « populismes ». Re-citant Jaurés, Paul Magnette a rappelé que « le socialisme, ce n’est pas le Parlement ou la rue mais le Parlement et la rue ».

Venu témoigner de l’unité de la famille socialiste, Johan Vande Lanotte a souligné que cette unité, qui finissait pas reprendre le dessus à chaque fois sur les valeurs essentielles, permettait de dire que le scrutin de 2014 ne serait pas « la mère de toutes les élections » comme souvent annoncé, mais bien un cap, annonciateur d’espoir et de changement.

« Le vent est en train de tourner », a-t-il assuré, certifiant qu' »ensemble », les socialistes pouvaient « changer le climat négatif qui nous entoure ».

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