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Paul Magnette, l’homme de l’année 2010

Ministre fédéral de l’Energie et du Climat, chef de file des socialistes à Charleroi, étoile montante du PS, ambassadeur de la Wallonie en Flandre : pour Le Vif/L’Express, Paul Magnette est l’homme de l’année 2010.

En juin 2009, Paul Magnette se présentait pour la première fois de sa vie à des élections (régionales). En juin 2010, Paul Magnette se présentait pour la deuxième fois de sa vie à des élections (fédérales, celles-là). Ce fut une révélation. C’est désormais une confirmation. L’étoile Magnette est partie pour durer. L’ère Van Cau est bel et bien close à Charleroi. L’homme part favori pour succéder à Elio Di Rupo, si, d’aventure, le Montois devait quitter la présidence du PS.

Rappelons son parcours : quand ce professeur de l’ULB débarque en politique, il y a trois ans et demi, sa ville de Charleroi se trouve au fond du trou. Le PS local menace de sombrer, traumatisé par une succession de scandales. Pendant des semaines, Elio Di Rupo a tergiversé. Mais la débâcle du parti aux élections législatives du 10 juin 2007 le force à donner un coup de pied dans la fourmilière. Dès le lendemain du scrutin, le président du PS sort le joker Magnette et lui confie la tutelle de l’Union socialiste communale de Charleroi. Neuf jours plus tard, il le nomme ministre wallon de la Santé et de l’Action sociale. Mais, dès décembre 2007, Paul Magnette déménage au gouvernement fédéral, où il prend le portefeuille du Climat et de l’Energie.
Il lui manque encore la légitimité des urnes. Son baptême électoral se déroule le 7 juin 2009. Ce jour-là, dans l’arrondissement de Charleroi, 37 503 citoyens votent pour lui. Un score quasi égal à celui réalisé cinq ans plus tôt par Jean-Claude Van Cauwenberghe (41 000 voix). Une page se tourne. « Le résultat des élections régionales installe le PS parmi les partis politiques qui veulent le changement à Charleroi, déclare Jean-Jacques Viseur, le bourgmestre CDH de la ville. La majorité est confortée dans son combat pour sortir de la mal-gouvernance, qui a mis cette ville au ban de la Wallonie. »

Après des années 2007, 2008 et 2009 tonitruantes, le cru 2010 paraît de prime abord moins extravagant. Ses faux airs de fleuve tranquille n’en sont pas moins remarquables. Paul Magnette, fidèle soldat du Boulevard de l’Empereur, a gagné du galon dans les tranchées de la crise politique. Il est devenu l’émissaire officiel du PS, chargé de défendre la « ligne » sur les plateaux de télé flamands. Celui que l’on surnomme « docteur House » s’exprime dans un néerlandais impeccable. Qui pourrait, mieux que lui, démonter les clichés en vogue dans le nord du pays ?

Deux petites anicroches au tableau

2010 lui aura également permis de mesurer sa popularité sur l’ensemble de la Wallonie et de Bruxelles. Tête de liste au Sénat, il a recueilli 264 000 voix. Loin devant son plus proche poursuivant, le libéral Armand de Decker (148 000 voix), et tout en confortant son assise dans l’arrondissement de Charleroi, où il a engrangé 53 760 votes.

Une année faste, donc. Qui aurait pu l’être plus encore. Paul Magnette a longtemps été pressenti pour endosser le costume de conciliateur royal, finalement confié à Johan Vande Lanotte. Deux gaffes ont-elles empêché cette hypothèse de se réaliser ? Le 19 octobre, il déclare à la VRT que la note du clarificateur Bart De Wever correspond « à 90 % » à celle présentée début septembre par Elio Di Rupo. Il se perd ensuite en contorsions pour justifier pourquoi le PS l’a, malgré tout, rejetée avec tant de virulence. Deux jours plus tard, il évoque dans la presse un éventuel rattachement de la Wallonie à l’Allemagne. « Une boutade », précise-t-il aussitôt. Trop tard. Le mal est fait. Deux petites anicroches au tableau. Histoire de prouver que la perfection n’est pas de ce monde.

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F.B.

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