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Paul Magnette face à son vrai baptême du feu politique

Le Vif

Après le drame social de Caterpillar, Magnette devra tenir à l’oeil ses concurrents du PTB sur deux fronts. En tant que ministre-président de la Wallonie, mais aussi en tant que bourgmestre faisant fonction à Charleroi, dit Han Renard journaliste politique du Knack.

L’annonce de la fermeture de Caterpillar est un drame qui ne touche pas seulement Charleroi, mais la Wallonie dans son ensemble. L’heure est tellement grave que les partis traditionnels francophones ont conclu une union sacrée, un armistice politique. Même Écolo ne semble pas rechigner à l’idée, même si Jean-Marc Nollet trouve que c’est une bien opportune manière pour les partis de la majorité de tenir à distance toute responsabilité.

Seul le PTB se fiche comme d’une guigne de cette soi-disant union sacrée. Car dans le débat autour de Caterpillar, le PTB se trouve précisément là où il se sent le plus à l’aise: dans la position du seul contre tous. Raoul Hedebouw peut bien être surnommé « trumpbouw » par certains, il n’en est pas moins un communicateur exceptionnel. Avec verve, il s’indigne sur la soi-disant impuissance des autorités face aux multinationales. Des autorités en général, mais surtout du PS en particulier qui a approuvé des cadeaux fiscaux comme les déductions des intérêts notionnels. Lors du débat télévisuel du dimanche, le PTB a demandé au gouvernement wallon de prendre des mesures exceptionnelles et de confisquer les terrains et les machines de Caterpillar. Le cdH va directement qualifier la proposition d’un populisme fini. Le PS, qui semble visiblement ennuyé par le sujet, élude lui la question et se borne à dire qu’une telle chose n’est tout simplement pas à l’ordre du jour.

Lorsqu’on interroge Paul Magnette sur la position du PTB sur ce dossier, il répond que c’est bien le cadet de ses soucis. C’est peut-être bien le cas, mais il n’empêche que la cote de popularité du ministre président wallon et de son parti pali quelque peu face à la montée en grâce du PTB. Et cela juste au moment où Magnette doit faire face à son premier véritable baptême du feu politique. Comme ministre président il devra sans aucun doute chapeauter les pénibles négociations avec la direction américaine, accompagner la reconversion du site industriel et adoucir les conséquences sociales de la fermeture d’une telle usine. Même en tant que bourgmestre et homme fort de Charleroi, Magnette a reçu un puissant uppercut qui aura d’importantes conséquences financières pour sa ville. Et ça alors que, marquée par la pauvreté et le chômage, elle allait enfin un peu mieux

Une lourde tâche repose donc sur les épaules de Paul Magnette. Et si cela tourne mal, il risque à cause de sa double casquette d’en payer deux fois le prix.

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