Walter Pauli

Paul Magnette dit ce que De Wever veut entendre

Walter Pauli Walter Pauli est journaliste au Knack.

Si le PS dit, d’entrée de jeu, non à toute forme de négociations au niveau fédéral avec la N-VA, elle donne à ce parti un alibi en béton armé pour entamer des démarches « coperniciennes », que ce soit en dehors ou à la lisière du cadre fédéral.

L’avalanche de réactions qu’a déclenchée la sortiede Bart De Wever dans les colonnes du Standaard sur les homosexuels a noyé dans l’indifférence l’interview que Paul Magnette a accordé au Morgen. Cet étrange phénomène de vase communicant, où l’un vient éteindre l’autre, est peut-être dû au fait que la presse ne peut digérer deux « scandales De Wever » dans la même semaine. Car, le moins que l’on puisse dire, c’est que les propos de Paul Magnette pouvaient s’interpréter de plusieurs manières et soulever quelques remous.

Même si le vice-premier ministre SP.A Johan Vande Lanotte a souhaité avec force que les partis de la majorité se tiennent cois et ne joue plus le jeu de la N-VA, cela n’a pas empêché Magnette de s’en donner à coeur joie lors de cette interview. Cela commence par une idée de base qui se résume par « les déclarations de la N-VA sont dignes du café du commerce » pour ensuite s’étaler sur presque toute une page. Le président du PS ne laisse pas de place au doute : en 2014, on ne gouvernera pas avec la N-VA. Il sous-entend même qu’une telle attitude est justement dictée par le comportement du parti. « Les gens votent pour De Wever parce qu’ils savent pertinemment qu’il ne va pas diriger le pays. Leur ennemi, c’est le pouvoir fédéral ». Ce qui transparaît au travers de ces propos est donc l’affirmation suivante : la coalition fédérale se fera sans la présence de Bart De Wever.

N-VA incontournable

Le PS qui dit, sans même attendre les résultats des élections de 2014, que cela se fera sans la N-VA, c’est exactement ce que De Wever veut entendre. Si l’on ne peut en vouloir à Magnette d’en parler par expérience – il suffit pour s’en convaincre du peu d’appétit qu’a montré la N-VA à participer aux précédentes négociations – il semble néanmoins que ce dernier ait omis l’un des aspects clés de 2014. Lors de ces élections, on votera à la fois pour les régions et pour le fédéral. Dans cette optique, la chance est grande que les différents chefs de parti cherchent à établir des coalitions « homogènes ». Ceux qui formeront une coalition au niveau flamand risquent fort de se retrouver avec des partenaires identiques au fédéral. On devrait observer le même phénomène du côté francophone.

À partir de ce postulat, si la N-VA est incontournable pour la Flandre – et cette chance est bien réelle – elle le sera aussi pour la Belgique. Dans le cas contraire, il n’y aura pas plus de gouvernement Flamand qu’il n’y aura de gouvernement fédéral. Or, si le PS dit d’entrée de jeu non à une négociation au niveau fédéral avec la N-VA, il donne toutes les raisons à ce parti d’entamer des démarches coperniciennes et cela même en dehors ou à la lisière du cadre fédéral. Mais tout cela dépend bien entendu de l’électeur. C’est lui qui donne sa voix et redistribue les cartes. C’est de lui que vont dépendre l’importance et le pouvoir de la N-VA et du PS.

Walter Pauli / Trad ML

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire