Paul-Emile Mottard se promène dorénavant en chaise électrique, mais avec le même enthousiasme. © Joakeem Carmans pour le vif/l'express

Paul-Emile Mottard : « Mes yeux ne sont pas ceux d’une personne en chaise »

Ephémère président de Publifin, le député provincial liégeois Paul-Emile Mottard s’est remis en marche après son accident de santé.

Peu connu en dehors de la Principauté, Paul-Emile Mottard a toujours évolué entre la culture (directeur à l’Orchestre philharmonique de Liège jusqu’en 2000) et la politique (député provincial liégeois PS depuis 2000). En 2013, il est victime d’une déchirure de l’aorte qui lui fait perdre l’usage de ses jambes. Aux soins intensifs pendant trois mois, en revalidation pendant neuf autres, il a appris à vivre avec son handicap, lui qui n’avait jamais été hospitalisé. Résilience et pudeur.  » Lorsque je suis rentré à la maison, j’ai repris très rapidement mes promenades, d’abord, en craignant l’incident mécanique mais, avec le temps, j’ai pris de l’assurance. Le fait d’avoir recommencé tout de suite à travailler a joué un rôle important. Peu de gens retrouvent du travail après un accident de la route… Moi, j’étais motivé parce que je retrouvais une place dans la société.  »

La randonnée qu’il pratiquait avec sa femme et leurs deux enfants, il en a gardé le goût, mais moins loin, moins longtemps, toujours accompagné.  » Avec une voiture électrique de randonnée, il vaut mieux ne pas être seul dans les montées et les descentes, même si je suis ceinturé. Il est déjà arrivé aussi que je m’embourbe, qu’un pneu crève ou que la batterie se vide, malgré ses 120-130 kg. Il faut alors se débrouiller pour qu’on vienne me chercher. J’ai toujours marché avec ma femme : c’est l’occasion de parler des mille et une choses de la vie.  » Et d’ajouter tranquillement :  » Il y a moyen de faire de belles balades d’une journée dans nos forêts d’Ardenne.  »

Paul-Emile Mottard a fait le compte des expériences sportives qu’il avait vécues (ski, navigation…) avant son accident de santé et desquelles il pourrait encore retirer du plaisir. Déplier ses cartes d’état-major, imaginer un itinéraire, retrouver la nature, cela, il pouvait le faire.  » Mes yeux ne sont pas ceux d’une personne en chaise.  » Les sensations liées au défilement des saisons sont restées celles qu’il éprouvait quand, enfant de Herstal, il partait en balade. Les contraintes matérielles finissent par faire partie de l’aventure.  » Il faut rouler doucement, vous faites et refaites la même promenade, vous êtes dans les bois, vous croisez d’autres marcheurs, mais vous devez intégrer que vous êtes différent des autres, il y a des complicités qui se créent et de grands silences de part et d’autre.  »

L’exercice, pour régénérant qu’il soit, comporte son lot de fatigue.  » La promenade en chaise électrique sollicite tout le haut du corps. Il faut se pencher à gauche, à droite pour garder l’équilibre, puisque l’abdomen et les jambes sont absents. La respiration est aussi quelque chose d’important, car on est facilement encombré. Mais quand ça va, quel plaisir ! J’écarte mes bras pour faire des exercices respiratoires et j’ouvre mes épaules…  »

Paul-Emile Mottard ne se représentera pas aux élections communales et provinciales d’octobre prochain. Il va pouvoir agrandir son périmètre de balades en mettant sa chaise de randonnée sur une remorque.  » Ce n’est pas nécessaire de faire des kilomètres quand on a la chance d’habiter la région liégeoise.  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire