Eric De Beukelaer

Passage à vie

Eric De Beukelaer Abbé nomade Blog : http://minisite.catho.be/ericdebeukelaer/

Pourquoi toute existence est un chemin vers plus de clarté

Pâques » signifie « passage ». La vie est un périple qui passe du stade d’embryon à celui de nouveau-né, puis d’enfant, d’adolescent, d’adulte et de vieillard. Du point de vue de la matière – c’est-à-dire d’après les lois biologiques – nous n’avons qu’une seule certitude : nous passons de la vie à la mort. Ce passage peut être long et heureux, comme douloureux et semé d’embûches. Pour certains, le voyage est interrompu de manière brutale – comme ces enfants fauchés à la vie au retour de Suisse. Mais quel que soit le type de passage, la mort biologique est la seule issue dont nous soyons assurés.

Il existe cependant un autre regard sur la vie qui passe – un regard spirituel. Il s’applique tant aux croyants qu’aux agnostiques et athées. (Certains non-croyants préfèrent à « spirituel » les termes « philosophique », « voies de sagesse »…) Spirituellement, la perspective s’inverse. Nous ne passons pas de la naissance à la mort, mais – au contraire – acceptons de mourir pour naître. Chaque étape de notre passage sur terre et chaque décision prise sont une mort à tous les possibles éliminés en vue de vivre l’étape nouvelle. Ainsi, notre première « mort » spirituelle advint le jour de notre naissance biologique : il nous fallut mourir au confort du sein maternel, pour vivre notre vie terrestre. Par après, il fallut mourir à l’enfant pour devenir adolescent ; mourir à l’éternel célibataire pour vivre l’aventure du couple ; mourir aux révoltes adolescentes pour vivre les engagements adultes, etc. Les grandes religions et sagesses tracent des sillons pour guider ce voyage : à quoi s’agit-il de mourir pour mieux vivre ? Ainsi, l’enseignement du Christ, qui invite à mourir à tout repli sur soi égoïste pour vivre de la seule réalité spirituelle qui ne passe pas – l’Amour comme échange libre et vrai.

Reste la question qui divise, car elle échappe à l’observation scientifique et invite donc à l’acte de foi (croyant, athée ou agnostique) : la mort biologique est-elle une réalité ultime ou un ultime passage ? Autrement dit : existe-t-il une vie spirituelle – une résurrection – après la mort biologique ? Ce dimanche 8 avril, jour de Pâques, Controverse (11 h 55, RTL-TVI) traitera des expériences de mort imminente avec, sur le plateau, deux témoins, trois médecins spécialistes du coma, le professeur de l’ULB Baudouin Decharneux et votre serviteur. Le programme ayant été enregistré, je puis dévoiler que j’ai rarement assisté à un débat avec une telle qualité d’écoute et de respect. Il n’empêche : les participants n’étaient pas tous d’accord sur le statut de pareilles expériences de « passage vers une lumière aimante » – en ce compris les médecins entre eux. S’agit-il de phénomènes purement psychologiques se déclenchant en cas de coma profond ou avons-nous affaire à un avant-goût d’une outre-mort ? Mon point de vue est que ces témoignages de mort imminente – et le changement de vie qu’ils opèrent chez les témoins – sont troublants, mais que cela ne doit pas empêcher la médecine de tenter d’expliquer le phénomène scientifiquement. Qu’elle y parvienne ou pas, une chose est certaine : si l’homme vit l’état de coma profond comme une traversée vers la lumière, cela souligne à quel point il est inscrit en notre humanité que toute existence est un passage vers plus de clarté, plus de vérité, plus d’amour…

Bref, un passage vers plus de vie.

Éric De Beukelaer

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