Pas de loi sur le blasphème

Le débat sur la liberté d’expression que s’infligent les Occidentaux à la sortie de L’Innocence des musulmans et des caricatures de Charlie Hebdo offre à l’Organisation de la coopération islamique (57 pays) un nouvel atout. L’OCI avance, en effet, ses pions en faveur de la pénalisation de la diffamation des religions qui serait assimilée à du racisme.

La diffamation des religions, dans le chef de l’OCI, n’est rien d’autre que la critique de la religion musulmane. Un blasphème.

Cette revendication est née en 1999. Elle est portée par le secrétaire général de l’OCI, le Turc Ekmeleddin Ihsanoglu. En bon lobbyiste, celui-ci ne rate aucune occasion de taper sur le clou.

Dans un communiqué du 19 septembre, il invite la communauté internationale à cesser de « se cacher derrière le prétexte de la liberté d’expression » car « les abus délibérés, motivés et systématiques » de cette liberté sont un danger pour la sécurité et la stabilité mondiales. Il feint de croire que, dans un pays démocratique, les autorités ont quelque pouvoir que ce soit d’inciter ou d’interdire la parution d’un film ou d’une caricature offensante. Le recteur de la grande mosquée de Bordeaux, Tareq Oubrou, rappellait récemment que, dans de nombreux pays musulmans, « la confusion entre l’Etat et le citoyen est totale, et la vidéo diffusée sur Internet est donc comprise comme une expression de l’Etat américain. »

En se basant sur ce quiproquo, l’OCI voudrait donc que nous renoncions collectivement à nos standards démocratiques. Nous devrions nous conformer à un système de pensée qui, dans ses versions les plus extrêmes, accorde à la loi islamique la prééminence sur la loi des hommes.

Jusqu’à présent, l’Organisation de la coopération islamique n’est pas parvenue à ses fins. Malgré ses efforts répétés (Durban I, Durban II), elle a été contrecarrée à l’ONU, non seulement par les pays occidentaux, mais également par certains pays d’Afrique et d’Amérique latine. L’OCI a bien essayé de relancer la machine sous le nom de « Processus d’Istanbul ». Reçue poliment par Hillary Clinton, secrétaire d’Etat américaine, elle fait le siège de la Commission européenne pour tenter d’y faire accepter le « délit de blasphème ». Avec quel succès ? Sans doute pas terrible. On voit trop bien – cfr le Pakistan- à quoi peut mener la pénalisation du blasphème: la mort.

Les musulmans européens, s’ils s’estiment injuriés ou diffamés, peuvent se tourner vers les tribunaux. Leur situation est bien moins inconfortable que celle des minorités religieuses dans les pays musulmans. A force de déplacer des enjeux qui devraient être circonscrits territorialement – chaque pays est responsable de son ordre juridique et moral-, voilà le genre d’observation qui se répand.

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