Stagiaire Le Vif

Parlement fédéral : c’est ça la démocratie en action ?

Cris, débats, boycott, petites attaques et grandes envolées… J’ai assisté pour la première fois à une séance plénière du Parlement fédéral. Mes impressions.

Pour la première fois, j’ai assisté à une séance plénière de la Chambre fédérale, jeudi dernier. Tous les journaux l’ont déjà dit, la session a été houleuse. Une question a servi de détonateur pour faire exploser les débats : « pourquoi Charles Michel ne répond-il pas lui-même aux questions qui lui sont posées ? » Les députés s’insurgent contre le Premier ministre. L’intéressé ne se défend même pas.

Et voilà que madame Onkelinx brandit l’arme fatale: la démocratie. L’usage rhétorique de ce concept est un petit peu désuet, tant les politiciens en ont usé et abusé ces temps-ci. « C’est contraire à la tradition démocratique », clame Laurette Onkelinx. Bien des fois, la dirigeante du PS à la Chambre, comme d’autres, a déjà contesté le gouvernement actuel. Rien de nouveau de ce côté-là. Catherine Fonck, cheffe de groupe cdH, prend le relais et insiste : le Premier ministre « est présent physiquement, ici même », pourquoi ne répond-il pas ?

Olivier Maingain enchaîne et clame que l’opposition a le droit de s’interroger sur les mensonges et la cohésion du gouvernement. Mais qui a dit le contraire ? Selon lui, si Charles Michel ne prend pas le micro, c’est une acceptation, et non plus de la complicité, du passé sulfureux d’un de ses ministres. Voilà l’affaire Jan Jambon qui s’invite dans le débat.

Le président de la Chambre est plus calme et soutient que s’il y a des raisons de croire à une division au sein du gouvernement, alors le Premier ministre doit répondre, mais ici ces accusations ne sont pas valides. Madame Onkelinx soumet alors une demande de suspension et exige une conférence des présidents. Personne ne la soutient… La salle est en émoi. Tout au long de ce simulacre de débat, je m’étonne de voir plusieurs députés et même le Premier Charles Michel prendre la porte.

Je n’ai jamais vu des votes se dérouler aussi rapidement. Eh bien oui, l’opposition est partie depuis longtemps…

Du bruit, du bruit, mais à quand les questions ? Voilà le Premier ministre qui s’installe aux côtés du Président de la Chambre Siegfried Bracke. M. Bracke demande si quelqu’un a des questions. Le chahut se poursuit, mais personne ne pose de questions. Étonnant. Les députés de l’opposition rassemblent leurs affaires et s’en vont. Je découvrirai plus tard qu’ils n’ont pas manqué de s’épancher dans les médias. Réelle insurrection ou mise en scène ? Manipulation ou vérité ? Je reste perplexe.

Arrive Jan Jambon. Je guette les réactions. La cheffe de groupe cdH à la Chambre est prête. Elle transmet par écrit à monsieur Bracke une demande de présence du Premier ministre (rappelez-vous, il est déjà parti). La demande est recevable, mais rejetée par votes des députés. Elle décide alors d’utiliser son temps de parole, normalement prévu pour la formulation d’une question, pour se lancer dans une tirade sur la démocratie. Joli discours, inattaquable pour toute personne sensée. Mais cela a-t-il fait avancer quoi que ce soit ?

Check. La séance s’achève par les prises de considération. Je n’ai jamais vu des votes se dérouler aussi rapidement. Eh bien oui, l’opposition est partie depuis longtemps…

Laura Gonzalez Ramon

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