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Parachutisme : le grisant appel du vide

Vincent Genot
Vincent Genot Rédacteur en chef adjoint Newsroom

1, 2… pas de 3. A peine le temps d’apercevoir la silhouette de l’avion qui s’éloigne au loin et l’on fend déjà l’air à 200km/h. 4 000 mètres plus bas, à travers les lambeaux de nuages, la campagne paraît immobile.

La chute, elle, se poursuit dans un sifflement assourdissant auquel s’ajoute le bruit de la combinaison qui claque au vent. Le corps épouse l’air et passe à la position horizontale. Le rythme cardiaque se calme, l’adrénaline montée en flèche juste avant le saut dissipe lentement ses effets. On profite de la chute libre. Plénitude totale. Ciel d’azur au-dessus, mer de nuages en dessous et la terre qui semble se rapprocher tout doucement : sentiment de dominer le monde.

La sensation ne dure pas. Quarante-cinq secondes après le début de la culbute, soit à 1 500 mètres du sol, l’instructeur vous plaque les mains sur la poitrine avant d’actionner la commande d’ouverture du parachute. Arrive alors la seconde vague d’adrénaline. Durant les vingt minutes de vol en Cessna, nécessaires pour atteindre l’altitude de 4 kilomètres, l’instructeur du Skydive Center de Spa avait pourtant prévenu. « En chute libre, dans la position verticale, le corps tombe à 280 km/h. En position horizontale, on passe à 200 km/h. Après l’ouverture du parachute, on descend à 10 km/h et l’on avance à du 40… » Même si une petite voile assure une ouverture progressive du parachute, le freinage est donc plutôt brutal. L’espace d’une seconde, on tente de se replonger dans ses notions de physique pour essayer de calculer, en vitesse accélérée, le poids d’un corps soumis à une telle décélération. Peine perdue. La tension dans le harnais qui vous relie à l’instructeur est telle que l’on ne pense plus qu’à une seule chose : pourvu que les sangles tiennent ! Et ça tient plutôt bien.

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Depuis les années 1960, date à laquelle le parachutisme a cessé d’être une activité exclusivement militaire, le matériel a beaucoup évolué. A l’époque, on sautait avec les parachutes ronds de l’armée dont la toile pouvait mesurer de 60 à 90 mètres carrés. Aujourd’hui, une voile rectangulaire classique, dont on peut estimer la durée de vie à vingt ans et le prix d’achat à 5 000 euros, ne dépasse pas les 10 mètres carrés de superficie. On va donc beaucoup plus vite tout en contrôlant mieux son vol. On doit ces progrès principalement à l’apparition de nouveaux matériaux synthétiques utilisés pour la confection des cordages et de la voile.

L’ultime joker

Sur le plan de la sécurité, et même si le risque zéro n’existe pas, les choses ont également bien progressé. L’amélioration la plus spectaculaire concerne le parachute de secours obligatoirement vérifié tous les six mois par un instructeur breveté, et dont l’ouverture n’est plus nécessairement actionnée par le parachutiste. Un petit ordinateur (système vario- barométrique ou électronique) peut, en effet, se charger, en fonction de l’altitude et de la vitesse de descente, d’ouvrir automatiquement l’ultime joker. Bien pratique si, pour une raison quelconque, le parachutiste a perdu conscience. Reste que, pour des raisons de sécurité, la voile de secours s’ouvre très tard, à moins de 400 mètres du sol. Ce qui laisse très peu de temps û de quatre à cinq secondes û pour freiner la chute. L’atterrissage en douceur, dans ces conditions, n’est donc jamais garanti. Voilà sans doute pourquoi, certains irréductibles pensent toujours que le parachute de secours ne sert à rien.

En ce qui nous concerne, la question ne se posera heureusement pas. Après le brusque freinage, la toile largement déployée du parachute permet d’entamer un reposant vol plané de sept minutes en direction du plancher des vaches. Comparé à la chute libre, le calme de la glissade est impérial. N’étaient les petits clappements de la voile dans le vent, rien ne vient perturber la contemplation de l’immensité du ciel spadois. Moment choisi par le moniteur pour nous passer les commandes et nous en apprendre les rudiments. On tire à gauche, on vire à gauche, on tire à droite, on vire à droite et l’on freine en actionnant simultanément et de façon symétrique les deux commandes. Simple.

Le danger ? Devenir accro

Commence alors une petite balade à travers les nuages à la recherche de différents angles de vue permettant d’admirer la diversité des paysages ardennais qui… se rapprochent sérieusement. Il est déjà temps de penser à l’atterrissage. Du fait du développement des voiles rapides, la phase d’atterrissage exige une concentration totale si l’on veut éviter l’incident. Aux Etats-Unis, le pays où ce sport connaît le plus de succès, sur deux millions de sauts annuels, on déplore une vingtaine d’accidents mortels dont une dizaine surviennent en dessous d’une voile ouverte. C’est-à-dire, en grande majorité, lors de l’atterrissage. Des têtes brûlées veulent vite faire une dernière figure et c’est l’accident. Pour autant, le parachutisme n’est pas un sport dangereux. La discipline, certes spectaculaire et extrême, ne présente pas de danger majeur. Comme le confirmera n’importe quel adepte, le seul risque que l’on prend en se lançant ainsi dans le vide éthéré, c’est de devenir un aficionado de la décharge d’adrénaline.

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