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Ouverture du procès de Mohamed Jratlou

Le procès de Mohamed Jratlou, 71 ans, s’est ouvert ce matin devant la cour d’assises du Hainaut, présidée par Olivier Delmarche. L’accusé doit répondre du meurtre de son fils Younes, retrouvé dans les eaux de la Lys à Comines (Tournai) le 10 novembre 2009. Ambiance lourde pour la première journée d’un procès qui devrait durer dix jours.

Naïma Zraidi est arrivée dans la salle d’audience encadrée de ses deux avocats, Mes Marie-Paule Dauchy et Jean-Jacques Vandebroucke. Assaillie par les photographes, elle est restée impassible. Après avoir salué Me Xavier Magnée, le défenseur de son mari, elle a pris place dans la salle.

A l’ouverture du procès, les conseils de Naïma Zraidi se sont constitués partie civile ainsi que Me Karim Itani, qui représente le tuteur ad hoc de Wasir, le frère aîné de Younès, aujourd’hui âgé de 11 ans.

Me Magnée a réclamé la nullité des charges à l’encontre de son client au motif que Mohamed Jratlou n’a pas bénéficié de l’assistance d’un avocat, comme le précise l’arrêt Salduz, lors de son inculpation le 9 novembre 2010. Le ministère public, représenté par Ingrid Godart, s’y est opposé, arguant du fait que la Cour de cassation avait à deux reprises rejeté le pourvoi introduit par l’avocat en estimant que l’équité d’une instruction se jugeait sur l’ensemble de l’instruction. C’est en cours d’audience que le président statuera sur la requête.

Après la lecture de l’acte d’accusation par l’avocat général, la cour procédera à l’interrogatoire de l’accusé.

Le 26 octobre 2009 à Comines, Younes, 4 ans, disparaissait, après avoir été témoin d’une violente altercation entre ses parents. Son corps était retrouvé quinze jours plus tard dans les eaux de la Lys. Après un an d’instruction, l’enquête s’est tournée vers les parents de l’enfant. Tous deux ont été arrêtés en novembre 2010 mais Naïma Zraidi a bénéficié d’un non lieu. C’est donc seul que Mohamed Jratlou comparait dans le box des accusés.

L’accusé revient sur les faits

Après la lecture de l’acte d’accusation par l’avocate générale, Ingrid Godart, Mohamed Jratlou a répondu aux premières questions de la Cour. L’interrogatoire est apparu particulièrement laborieux, l’accusé se révélant prolixe et se perdant dans des détails et des explications confuses.

Mohamed Jratlou, assisté d’un traducteur, a répondu au président, parfois par l’intermédiaire de celui-ci, parfois directement en français. « Ma femme était de mauvaise humeur. On a installé un grand matelas au sol, elle au milieu des deux enfants. Elle refusait que je sois avec eux. Elle est plus forte que moi, j’ai eu un cancer… Elle m’a arraché ma chaîne en or. Je lui ai donné un coup. Elle a pris un objet et a cassé le double vitrage. Puis elle est partie en laissant la porte ouverte », a indiqué l’accusé.

Mohamed Jratlou est alors parti à sa recherche. « En revenant, je ne vois pas Younes. Je dis à Wasir: ‘Ta maman est venue?’. Mon idée était qu’elle était revenue le prendre. Mais Wasir m’a dit: ‘Il est sorti' », a indiqué l’accusé.

Mohamed Jratlou, après être parti à pied à la recherche de son fils, a continué ensuite en voiture. Avec Wasir, puis avec son épouse qu’il avait rejointe.

A la question de savoir si l’accusé avait des explications sur le fait qu’aucune des quatre caméras établies dans le quartier n’a filmé Younes, Mohamed Jratlou a répondu négativement. L’accusé n’a pas pu apporter plus de réponse quant à la présence du sang de Younes à différents endroits de la maison.

Le jeune Wasir, 11 ans, ne sera pas entendu devant la Cour. D’abord parce qu’il serait confronté à un rapport de loyauté envers ses parents, ensuite parce que les conclusions des experts psychiatres déconseillent l’interrogatoire, l’enfant étant fortement traumatisé.

Les enquêteurs seront entendus mercredi après-midi.

Le Vif.be, avec Belga

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