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Opération Calice : pas moins de 808 dossiers saisis

Lors de l’opération Calice en juin dernier, les enquêteurs de la PJF de Bruxelles ont ramené dans leurs filets 808 dossiers présumés de pédophilie dans l’Eglise. Un trop gros morceau pour la justice bruxelloise ?

Au total, la justice bruxelloise a ainsi mis la main sur 808 dossiers d’Eglise concernant des individus – victimes ou suspects d’actes de pédophilie, vivants ou décédés – disséminés sur l’ensemble du territoire. Si le protocole de « régulation des flux d’informations » établi entre le ministère public et la défunte commission Adriaenssens, à la demande du ministre de la Justice, avait été respecté, c’est le parquet fédéral qui aurait réparti ces dossiers entre les arrondissements judiciaires concernés, dans le respect des prérogatives de la justice et de la commission de l’Eglise catholique (1).

Les réserves de l’abbé Devillé La surprise est venue du procureur du roi de Bruxelles, Bruno Bulthé, qui a décidé de lancer l’opération Calice, sans avertir son supérieur hiérarchique, le procureur général près la cour d’appel, Marc de le Court, qui procède à une vérification de la régularité de cette instruction. Le parquet fédéral a été, lui aussi, pris de court. Tout présumé indépendant qu’il est, le juge d’instruction Wim De Troy (dont la greffière est une proche de Bruno Bulthé) a en effet embrayé et concrétisé l’opération dans le cadre de sa saisine pour « atteinte à la pudeur ».

Pour la petite histoire, le 16 juin, l’abbé Rik Devillé a fait acter par procès-verbal, auprès de l’enquêteur Peter D., que, sur les 300 dossiers apportés à la police, 283 lui avaient été pris en « violation de son secret professionnel ». Car seules 17 des victimes présumées avaient donné formellement leur accord pour que leur récit soit transmis à la justice. Autre précision : les 300 dossiers rassemblés au fil des ans par l’ASBL Mensenrechten in de Kerk ne concernaient pas que des faits de pédophilie. « La problématique des violations des droits de l’homme dans l’Eglise a été suffisamment portée à la connaissance publique et les victimes ont trouvé leur chemin vers les tribunaux civils », se félicitait cette ASBL, le 5 octobre 2004, lorsqu’elle a prononcé sa dissolution. En six ans, sous l’effet des scandales de pédophilie, la situation a évolué.

(1) Voir le texte du protocole entre le Collège des procureurs généraux et la commission Adriaenssens le 7 juin

Marie-Cécile Royen

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