Farid Bamouhammad en 2008 © Belga Image

On en sait plus sur la maladie qui a mené à la libération de « Farid Le Fou »

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Le juge effectif du tribunal de l’application des peines de Bruxelles a accordé, vendredi, une libération provisoire, sous conditions, à Farid Bamouhammad pour raison médicale. Celui-ci a quitté la prison de Saint-Gilles, en Région bruxelloise, vendredi vers 17 heures.

Depuis ce vendredi, Farid Bamouhammad mieux connu sous le sorbiquet de « Farid Le Fou », est libre. Il doit toutefois se soumettre à une série de conditions strictes comme ne pas consommer d’alcool ou être en possession d’une arme. Il ne peut pas non plus quitter le territoire belge ou être en contact avec d’anciens détenus, doit rester en contact avec les assistants de justice, continuer à être suivi sur le plan psychologique et poursuivre les consultations médicales.

Le prisonnier considéré comme « le plus dangereux et le plus difficile du pays » par ses geôliers a été transféré plus de 160 fois de prison en prison, menant à plusieurs reprises ses gardiens à la grève. Il avait été condamné en 1985 pour meurtre, tentative de meurtre et tentative d’enlèvement. En 2005, il avait pris en otage sa fille et sa compagne à Bruxelles, alors qu’il profitait d’un congé pénitentiaire.

Selon De Morgen, Farid « le Fou » souffrirait d’une maladie psychique rare, appelée « syndrôme de Ganser », et causée par ses conditions de détention stressantes. Le journal flamand explique que très peu de détenus peuvent faire valoir ce genre de raisons médicales pour être libérés sous ces conditions.

Lorsque la raison médicale est invoquée, c’est une procédure particulière du tribunal de l’application des peines qui est mise en place. Dans ce cas, la procédure est écrite. Il n’y a pas d’audience. La décision est basée sur le rapport du directeur de la prison, celui du médecin traitant, celui du médecin de la prison et sur base également d’un avis du ministère public. La décision est prise par le président du tribunal de l’application des peines seul, sans ses assesseurs. La nouvelle demande de libération provisoire pour raison médicale avait été introduite fin de la semaine dernière.

Son avocat Marc Nève s’est dit content de la décision du tribunal de libérer son client. Il a fait savoir que Farid Bamouhammad était en possession d’attestations écrites de médecins et de psychiatres qui l’ont traité ces quatre derniers mois : « Il souffre du syndrome de Ganser qui ne peut pas être traité en prison, c’est la conclusion à laquelle sont arrivés unanimement les psychiatres après l’avoir ausculté avant et après sa détention en novembre. »

Certains détenus peuvent simuler le syndrôme pour échapper à une peine

Le syndrome de Ganser est une maladie psychique très rare qui touche principalement les hommes en prison qui sont isolés pendant de longues années et qui subissent un stress intense. Cette maladie est aussi appelé, à juste titre, « la maladie de la détention ». Ce syndrome est caractérisé par des réponses fausses, absurdes ou dépourvues de sens aux questions ou par des mouvements également dépourvus de sens, ainsi que d’autres symptômes tels qu’une désorientation, une fugue, une amnésie. A cause de sa rareté, le diagnostic de ce trouble est assez difficile à poser. Très peu de patients en souffrent et certains détenus peuvent aussi le simuler afin d’échapper à une peine.

Bamouhammad en souffrirait depuis 2006. Nève déclare que l’état de son client s’est amélioré lors de ses différents séjours hors de prison. « Mais il devra encore être suivi longtemps par les psychiatres. Il pourra en guérir mais pour le moment, il s’exprime difficilement en situations stressantes. Quand il parle, je ne comprends que 30% de ce qu’il dit, il mange ses mots.« , commente l’avocat.

Les autorités pénitentiaires de Saint-Gilles ont fait savoir, de leur côté, que le trouble de l’ex-détenu ne pouvait pas être traité en prison: « L’enfermer le détruit« , a déclaré une source bien placée à Het Laatste Nieuws. « Cet homme est complètement anéanti. Le placer derrière les barreaux le transformerait en loque. »

Le psychiatre Rudy Verelst, rattaché à l’UZ Leuven, donne un autre éclaircissement au Morgen: « Ces malades peuvent être détruits psychiquement. Ils vivent la réalité d’une toute autre manière. Au cas par cas, il est nécessaire d’analyser si telle ou telle personne peut rester ou non en prison. Jusqu’à présent, aucun détenu n’avait été libéré à cause de ce syndrôme. Cette situation est exceptionnelle. »

La libération pour raison médicale de Farid Bamouhammad reste provisoire. Ses avocats espèrent pouvoir remplacer sa libération provisoire par une libération conditionnelle. Une demande de libération conditionnelle de Farid Bamouhammad est toujours pendante.

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