Olivier Maingain © BELGA

Crise politique francophone: le statu quo s’installe à Bruxelles et en Fédération

Dix semaines après l’appel du cdH contre son ex-allié le PS, un mois après un renversement d’alliance vers le centre-droit en Wallonie, un statu quo tendu s’installait dans le paysage francophone belge, après un nouveau refus de DéFI lundi de s’engager avec la seule « Orange bleue » (MR-cdH) en Fédération Wallonie-Bruxelle

Pressé par les réformateurs et les centristes de les rejoindre pour négocier un gouvernement sans le PS en Fédération Wallonie-Bruxelles, DéFI a une nouvelle fois décliné l’invitation lundi, lors de son intergroupe parlementaire (bureau politique): il a maintenu sa demande d’ouvrir des pourparlers avec le plus grand nombre de partis démocratiques francophones qui le souhaitent, PS compris, au motif que l’enseignement mérite une union francophone pour une réforme d’envergure.

MR et cdH ont encore envoyé une invitation officielle au président de DéFI Olivier Maingain lundi en fin de journée, mais ce dernier l’a aussitôt déclinée, maintenant son exigence.

Alors qu’Ecolo, éreinté par sa défaite électorale de 2014, refuse de remonter dans un gouvernement avant tout nouveau scrutin, DéFI, dont les trois députés sont indispensables au MR et au cdH pour obtenir une courte majorité (un siège de plus que nécessaire) au parlement de la Fédération, marque ainsi sa volonté de maintenir dans le jeu un PS avec qui il gouverne déjà en Région bruxelloise, où la situation est tout aussi bloquée.

Le parti amarante pointe du doigt la responsabilité du cdH dans la crise. En l’absence d’union francophone, il montre aussi qu’il préfère le statu quo à une majorité étriquée qui ne disposerait que de quelques mois pour agir avant les élections de 2019. En annonçant ne plus vouloir prendre d’initiative nouvelle, il pousse le cdH à continuer de gouverner avec le PS, au-delà de leur défiance mutuelle.

Le bilan de l’appel du 19 juin du président du cdH Benoît Lutgen se solde jusqu’à présent par une réussite pour ce parti (le gouvernement Borsus-Greoli en Wallonie) et deux échecs à Bruxelles et en Fédération, où les gouvernements auxquels participe le cdH sont fragilisés par la défiance entre socialistes et humanistes. Ce résultat pourrait évoluer en cas d’initiative nouvelle, mais elle ne viendra ni de DéFi ni du PS. Même s’ils restent la première force politique aux gouvernements bruxellois et francophone, les socialistes considèrent qu’il revient au cdH de gérer une crise qu’il a provoquée. « Nous exécuterons les accords conclus, avec loyauté. Le Pacte d’excellence est un projet essentiel, vital pour la qualité du système scolaire, le développement économique et l’emploi. Ne comptez pas sur le PS pour mettre à mal le fonctionnement de nos institutions », commentait-on au boulevard de l’Empereur.

Rare voix au cdH à prendre la parole, l’ancienne présidente Joëlle Milquet avait affirmé il y a peu qu’en cas d’absence de solution de rechange, il faudra « continuer à assumer les engagements pris et à exercer les responsabilités actuelles », en Fédération Wallonie-Bruxelles et à Bruxelles. Lundi, alors que le parti s’était réuni en matinée en « comité restreint » (ministres et chefs de groupes), l’ex-ministre de l’Éducation s’est fendue d’un nouveau tweet en affirmant que « la seule vraie priorité politique » consistait à « réussir et concrétiser au plus tôt le Pacte d’excellence ». Une haute personnalité au cdH confiait pour sa part ne pas voir de perspective positive pour une alliance MR-cdH-DéFI, et ignorer si Benoît Lutgen « ira jusqu’au bout et démissionnera ses ministres ».

Une telle démission ne pourrait toutefois avoir qu’une portée symbolique, le gouvernement de la Fédération et ses ministres – PS comme cdH – étant tenus d’assurer la continuité en l’absence d’une majorité de rechange, soulignait DéFI.

Belga

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