"Descente de la Croix" de Rubens. © DR

Oeuvres d’art pillées par la France: Sleurs veut une étude systématique

La secrétaire d’État à la Politique scientifique, Elke Sleurs, veut procéder à une étude systématique des biens qui ont été dérobés en Belgique pendant la Révolution française et la période napoléonienne, a-t-elle indiqué mardi en commission de la Chambre, en réponse à des questions de Richard Miller (MR) et Peter Dedecker (N-VA).

Ces oeuvres d’art pillées entre 1794 et 1814 sur le territoire de ce qui n’était pas encore la Belgique ont été dispersées en France et abritées par plusieurs musées régionaux. En 1815, plusieurs oeuvres ont été restituées après le Congrès de Vienne qui a clos l’aventure napoléonienne, notamment la « Descente de la Croix » de Rubens volée à la cathédrale d’Anvers.

En 1880, l’archiviste adjoint des Archives du Royaume, Charles Piot, a remis au ministre de l’Intérieur un rapport sur les tableaux volés en 1794 et restitués en 1815. Le document se limite aux tableaux et mentionne les oeuvres déclarées disparues et celles qui ont été restituées. Des 271 oeuvres recensées, 74 se trouvaient en France (Bordeaux, Rennes, Lille, Lyon, etc.), 87 dans un lieu réputé « inconnu » et 90 soit en Belgique, soit avaient été restituées. « Même après son indépendance, la Belgique n’a jamais entrepris de démarches officielles et/ou diplomatiques pour réclamer à la France les oeuvres d’art disparues », a expliqué Mme Sleurs.

Jusqu’à présent, ce problème de restitution est toujours examiné au cas par cas, c’est-à-dire oeuvre d’art par oeuvre d’art. Récemment, la France a encore rendu un avis négatif sur la demande de restitution de trois peintures de Rubens. « Il me semble plus indiqué de procéder à une étude plus systématique, basée sur des casus. Cette étude aura pour but de représenter l’étendue du pillage et définir un cadre juridique », a ajouté la secrétaire d’État. Cette étude associera l’administration de la politique scientifique, le SPF Justice et les administrations des Communautés française et flamande.

Des initiatives ont été déjà été prises dans les entités fédérées. En novembre 2011, le parlement de la Communauté française a voté une résolution de M. Miller demandant l’engagement d’une procédure en vue de la restitution d’une oeuvre de Rubens volée à Tournai et qui se trouve à Nantes. La ministre française de la Culture n’a pas donné suite à la demande au motif que la question de la restitution d’oeuvres dérobées par les révolutionnaires aurait été définitivement réglée par le Congrès de Vienne de 1815… quand la Belgique n’existait pas encore.

Contenu partenaire