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Obliger les sans-abri à dormir à l’intérieur: « de la communication politique », selon la LDH

Les ordonnances de police pour permettre l’arrestation des personnes sans-abri par temps de grand froid est « une épaisse couche d’hypocrisie » sous de « la communication politique », estime la Ligue des droits de l’Homme (LDH) mercredi.

La Ligue affirme dans un premier temps qu’il s’agit d’une mesure « a priori illégale ». « Rien ne fonde dans la nouvelle loi communale ni dans la loi sur la fonction de police une quelconque compétence du bourgmestre par rapport à ce type de situation: le fait de dormir dehors n’est pas ipso facto un trouble à l’ordre public », rappelle la LDH. Elle estime également que « la privation de liberté pour ce type de faits nous ramène 20 ans en arrière, avant que le vagabondage ne soit dépénalisé et le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine inscrit dans la Constitution. »

Mais ce que reproche surtout l’organisation, c’est l’hypocrisie de telles mesures « répressives et paternalistes ». La LDH rappelle que le droit au logement est un droit fondamental, en toute saison. Les bourgmestres pourraient, comme c’est le cas en Finlande ou à Grenoble, réquisitionner les immeubles vides pour y loger les personnes sans-abri. « Rien qu’à Bruxelles, il y avait en 2015, selon la Cellule Logements Inoccupés de la Région bruxelloise, près de 50.000 immeubles vides », souligne la LDH.

« Cette politique de l’urgence constitue en réalité le baromètre de l’échec des politiques publiques de lutte contre le sans-abrisme pendant l’année, en amont de la vague de froid naturelle », dénonce la Ligue.

« La communication politique autour de ces mesures d’urgence est d’autant plus cynique qu’elle se pare des attributs de la bonne volonté. Or, il n’est plus question, face à l’ampleur et au développement du sans-abrisme de bonne volonté mais bien de responsabilité politique. Et il y a en effet, en la matière, urgence à agir », conclut la LDH.

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