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Numéro Inami : « Il faut prendre ses responsabilités plutôt que de punir les gens »

Le gouvernement fédéral a décidé de maintenir la clé de répartition des quotas de numéros Inami entre la Flandre (60%) et la Fédération Wallonie-Bruxelles (40%) pour 2022, contre l’avis de la commission de planification médicale qui avait proposé une répartition plus favorable aux francophones.

La ministre de la Santé, Maggie De Block, justifie cette décision par le surplus d’étudiants francophones diplômés ces dernières années. Mais pour Paul De Munck, président du Groupement belge des omnipraticiens (GBO), principal syndicat des médecins généralistes francophones, « ce n’est pas ainsi qu’on détermine une politique future. (…) Il faut prendre ses responsabilités plutôt que de reprocher aux autres de ne pas avoir fait ce qu’il faut et les punir ».

« Je peux comprendre qu’en Flandre, on ne soit pas heureux d’avoir fait des efforts pendant des années » alors que du côté francophone, un filtre efficace n’était pas mis en place, explique Paul De Munck du GBO. Mais « ce n’est pas ainsi (en formulant des reproches, ndlr) qu’on détermine une politique future ».

Du côté de l’Absym, l’Association belge des syndicats médicaux, il s’agit d’une décision « tout à fait politique. La ministre a compris que du côté flamand, il y avait une forte opposition et que faire respecter l’avis de la commission de planification ne valait pas une crise gouvernementale », explique le président de l’Absym, Dr Marc Moens.

Il ajoute attendre désormais que Jean-Claude Marcourt, ministre de l’Enseignement supérieur pour la Fédération Wallonie-Bruxelles, mette en place un lissage afin de compenser le phénomène des étudiants dits « surnuméraires », davantage d’étudiants francophones ayant été diplômés ces dernières années par rapport aux numéros Inami disponibles.

« Au-delà de la guerre des chiffres, ce qui est insupportable et fait preuve d’une grande irresponsabilité », ajoute M. De Munck du GBO, « c’est l’incertitude dans laquelle se trouvent les étudiants en cours de cursus et ceux qui débutent », ajoute le GBO. Ils ne sont en effet pas certains d’obtenir un numéro Inami à la fin de leurs études, la ministre Maggie De Block ayant indiqué jeudi qu’elle promettait un numéro Inami aux seuls étudiants en dernière année de médecine. Pour les autres, elle procédera chaque année à une évaluation pour prendre sa décision.

Paul De Munck appelle également à réfléchir « tous ensemble » sur le nombre de médecins nécessaires en Belgique, dans chaque communauté et dans chaque spécialité ainsi qu’à la manière de garantir la qualité de l’enseignement.

Pour le Syndicat général des médecins en Belgique (ASGB), il faut avant tout « mettre en place un cadastre dynamique, qui tienne également compte des personnes qui ne sont pas actives. (…) Il faut également un meilleur contingentement dans différentes disciplines. Par exemple, si on ne se préoccupe pas avant tout d’avoir suffisamment de médecins généralistes, la pénurie persistera. C’est la même chose pour des disciplines comme la gériatrie », affirme Reinier Hueting, président de l’ASGB.

Marc Moens, président de l’Absym, pense, lui, que le problème est plutôt organisationnel. « Il n’y a pas une pénurie de médecins, il y en a suffisamment en Belgique. Mais il existe des pénuries à certains moments, certains endroits et dans certaines spécialités. C’est plutôt un problème d’organisation », affirme-t-il. Pour lui, la solution est de rendre certaines spécialités, comme la médecine généraliste ou la psychologie juvénile, plus attractives.

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