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Nucléaire : Doel 3 pourrait ne pas redémarrer

Le réacteur n°3 de la centrale nucléaire de Doel actuellement à l’arrêt pourrait bien ne jamais être remis en fonction, a indiqué mercredi le député Kristof Calvo qui a eu connaissance d’un échange interne de courriels de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN). S’il est trop tôt pour déjà tirer des conclusions sur l’avenir de ce réacteur, un constat s’impose: il n’y a pas de risque 0 avec la technologie nucléaire », soulignent Ecolo et Groen dans un communiqué.

Le réacteur n°3 de la centrale nucléaire de Doel est à l’arrêt depuis juin. Lors d’un contrôle, un possible défaut à la cuve du réacteur a été constaté. L’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) a demandé une enquête supplémentaire et a fait fermer le réacteur par mesure de précaution.

Selon un courriel interne de l’AFCN, des analyses, des évaluations, des avis seront demandés, ce qui prendra du temps. Une décision définitive sera ensuite prise.

L’AFCN dit vouloir une approche très stricte et n’acceptera qu’on poursuivre l’exploitation que s’il n’y a aucun risque. Elle ajoute que « dans l’état actuel du dossier on ne peut pas exclure que Doel 3 ne soit plus remis en route ».

La base du problème viendrait de défauts à la cuve livrée par l’entreprise néerlandaise Rotterdam Drydocks qui n’est plus active. Tihange 2 et la centrale néerlandaise de Borssele pourraient connaître les mêmes problèmes. Rotterdam Drydocks a fourni au total 21 cuves de réacteurs à travers le monde.

La fermeture de Doel 3 est en principe prévue en 2022. Les problèmes liés à la cuve d’un réacteur sont d’une gravité extrême vu le rôle de protection joué par cette cuve par rapport à l’environnement extérieur et les dangers du combustible nucléaire. C’est d’ailleurs l’avis de l’AFCN, soulignent dans un communiqué commun les députés Ecolo et Groen Muriel Gerkens et Kristof Calvo.

« Le fait de déceler seulement aujourd’hui des problèmes dans la cuve de ce réacteur actif depuis 1982 souligne également l’absence d’une maîtrise absolue sur la technologie nucléaire alors que ses dangers sont bien connus », ajoutent-t-ils.

Ils soulignent encore un risque pour la sécurité d’approvisionnement du pays puisque les réacteurs de Doel 3 et Tihange 2, qui doivent fermer en 2022 et 2023, « représentent un apport conséquent à la production d’électricité en Belgique et qu’il s’agirait ici de les fermer sans avoir pu programmer et anticiper ».

« Il est impératif de vérifier dès que possible l’ensemble des cuves des réacteurs belges comme cela a été fait pour Doel 3. S’il est trop tôt pour tirer des conclusions aujourd’hui sur l’avenir de ce réacteur, un constat est toutefois clair: il n’y a pas de risque 0 avec la technologie nucléaire. Prolonger les vieux réacteurs nucléaires, c’est donc à la fois prendre un risque vis-à-vis de la population mais aussi en termes de sécurité d’approvisionnement. Sur ce point, les écologistes regrettent encore une fois le trop faible soutien octroyé par le gouvernement fédéral aux productions alternatives au nucléaire », concluent les deux députés verts.

Pas de danger pour la population et pas encore de décision dit Wathelet

Au cabinet du secrétaire d’Etat à l’Energie Melchior Wathelet on insiste sur le fait que s’il y a effectivement des courriels internes à l’Agence fédéral de contrôle nucléaire relatifs à la cuve du réacteur nucléaire de Doel 3, il est trop tôt pour en conclure que le réacteur sera définitivement mis l’arrêt. On insiste aussi sur le fait que le réacteur est actuellement à l’arrêt et qu’on ne peut donc parler de risques pour la population.

On rappelle encore chez M. Wathelet que la sécurité nucléaire est de la compétence de la ministre de l’Intérieur Joëlle Milquet. On ajoute que le problème est pris très au sérieux et que la sécurité est au centre des préoccupations.

Quant au problème de l’approvisionnement également soulevé par Ecolo et Groen, on souligne chez le secrétaire d’Etat qu’il faut attendre le résultat définitif des tests en cours. Toutes les dispositions seront prises s’il s’avérait qu’il fallait anticiper la fermeture d’une ou plusieurs centrales.

Tihange 2 est actuellement en phase d’arrêt pour un entretien prévu de longue date. A cette occasion, ce réacteur subira également des tests complémentaires.

Pas de redémarrage avant la fin de l’enquête de l’AFCN dit la ministre Milquet

Réagissant aux informations sur la cuve du réacteur nucléaire Doel 3, la ministre de l’Intérieur Joëlle Milquet a également rappelé mercredi qu’il n’y avait pas de danger pour les travailleurs ou pour la population étant donné que le réacteur est à l’arrêt et qu’il le restera durant toute la durée de l’enquête de l’AFCN.

Mme Milquet « est et restera d’une extrême vigilance à l’égard du suivi des analyses qui sont actuellement menées de manière approfondie au sein du réacteur de Doel 3 », a-t-elle laissé savoir à l’Agence Belga.

Ces analyses sont effectuées dans le cadre du processus qui prévoit que, tous les 12 à 18 mois, les centrales nucléaires de notre pays sont soumises tant à un contrôle de leurs installations qu’à des opérations d’entretien et de maintenance, rappelle la ministre.

L’Agence fédérale de contrôle nucléaire tient constamment la ministre informée des opérations de contrôle qu’elle mène et ce depuis le début de ceux-ci. La ministre souhaite que l’AFCN puisse continuer, en toute indépendance, à exercer sa mission d’analyse, de la manière la plus complète et fouillée possible.

Pour Joëlle Milquet, seule la sécurité des citoyens et des travailleurs prime dans ce dossier et elle ne permettra aucune décision qui puisse entraîner le moindre doute sur ce point.

Enfin, elle insiste sur le fait qu’il n’y a actuellement pas de danger pour la sécurité puisque le réacteur de Doel 3 est à l’arrêt et le restera durant toute la durée de l’enquête de l’AFCN.

Aucune décision relative à un éventuel redémarrage ne sera prise sans l’accord de l’AFCN, de la ministre et du gouvernement à qui un rapport circonstancié sera présenté dès que les dernières conclusions seront déposées, fin août.

En l’état actuel des informations, aucune conclusion définitive sur une option ou l’autre ne peut être tirée, souligne encore Mme Milquet.

Pas de problème pour la fourniture énergétique (Elia)

L’arrêt du réacteur numéro 3 de la centrale nucléaire de Doel et celui du réacteur numéro 2 de Tihange, prévu la semaine prochaine, ne causent, en cette période estivale, aucun problème d’approvisionnement énergétique, a affirmé mercredi Elia.

Le réacteur de Doel a été mis à l’arrêt après la détection, lors d’un contrôle, d’un possible défaut à la cuve, ce qui a conduit l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) à demander une enquête supplémentaire.

Tant que celle-ci ne sera pas clôturée, le réacteur ne sera pas remis en marche, a de son côté affirmé Electrabel. Selon le parlementaire de Groen! Kristof Calvo, qui se base sur un mail interne de l’Agence fédérale, le réacteur pourrait toutefois ne jamais redémarrer.

Quant à Tihange 2, il sera mis à l’arrêt la semaine prochaine pour révisions.

Ces arrêts simultanés, en été, ne constituent toutefois aucune menace pour la fourniture énergétique en Belgique. Au cours d’un hiver rigoureux, la situation aurait été différente et la demande n’aurait pu être entièrement satisfaite, conduisant, comme au Japon, à ce qu’une partie de la population soit privée de courant.


Le Vif.be, avec Belga

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