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« Nous créons de nombreux enfants narcissiques »

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Nous l’oublions parfois, mais l’autorité est un élément essentiel dans l’éducation d’un enfant, rappelle le pédopsychiatre Mark Van Bellinghen dans le journal De Morgen. « Sans elle, bonjour les gros ennuis », avertit-il.

L’autorité ne revête-t-elle pas une connotation négative ?

Historiquement, oui. Mais l’autorité, couplée à l’harmonie émotionnelle est absolument nécessaire dans l’éducation d’un enfant. On l’oublie parfois. L’autorité compense en fait ce que le cerveau des enfants et des ados n’est pas encore capable de faire: anticiper et évaluer les conséquences d’un comportement. Sans autorité, bonjour les gros ennuis. Si, en outre, la cohésion émotionnelle est absente, alors, les problèmes sont décuplés. On en arrive à des jeunes qui se laissent complètement aller.

Les parents qui désirent éduquer librement leurs enfants ou qui les considèrent plutôt comme des amis adoptent-ils la bonne attitude ?

Ce n’est certainement pas une bonne idée. Un parent se doit de mettre des limites, ce qu’un jeune n’est pas toujours lui-même en mesure de faire. Dernièrement, j’ai reçu en consultation un jeune garçon légèrement autiste de 12 ans. Il avait des problèmes de comportement et les parents se tâtaient pour l’envoyer en internat. Il semble qu’à la maison, aucune limite n’était instaurée en matière d’utilisation des écrans et que le gamin était devenu accro à sa Playstation. J’ai conseillé les parents dans la mise en place de barrières. La Playstation est restée dansle tiroir et un mois plus tard, le comportement du garçon s’était déjà grandement amélioré.

Cela repose donc parfois sur de simples choses?

Oui. Nous rencontrons aussi souvent des enfants qui présentent un profil d’harceleur à l’école. Les parents ne donnent pas suite à ce problème. Ils minimalisent ou excusent même le comportement de leur enfant. Mais en ne corrigeant pas une attitude fautive, ils leur donnent le signal que ce n’est pas du tout grave. Nous ne nous en rendons pas compte, mais nous créons, en masse, des personnalités narcissiques. Des enfants avec un amour-propre exagéré, qui pensent de manière inconsciente qu’on leur permet plus que les autres. Ce n’est pas un bon départ pour avoir des relations équilibrées plus tard. C’est un problème qui menace notre société.

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