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« Nos collègues hurlaient au secours et nous ne pouvions pas bouger »

Des policiers mobilisés jeudi durant la manifestation nationale à Bruxelles prétendent avoir reçu l’ordre de ne pas intervenir et de ne pas prêter main-forte à leurs collègues en détresse. Le bourgmestre Yvan Mayeur crie à la diffamation, tandis que le chef de corps de la police de Bruxelles-Ixelles clarifie sa gestion.

Cette injonction de ne pas intervenir, lors des incidents qui ont fait 112 blessés parmi les forces de l’ordre, émanerait de l’autorité administrative, c’est-à-dire du bourgmestre de la Ville de Bruxelles Yvan Mayeur, révèle samedi La Dernière Heure, en citant plusieurs sources policières.

« Nos collègues de la zone Midi hurlaient au secours à travers les appels radio. Et nous ne pouvions pas bouger. (…) Et ce, pendant près d’une heure », assure un policier de la zone Bruxelles-Capitale-Ixelles, ajoutant que l’ordre ne venait pas de ses supérieurs au sein de la police.

Selon plusieurs sources, Yvan Mayeur, qui était présent dans les rues de la capitale jeudi en tant que, assure-t-il, chef de la police et responsable des opérations, a donné pour ordre, pendant plus de 40 minutes, de ne pas venir en renfort aux policiers en détresse du côté de la porte de Hal, privilégiant « la discussion » avec les fauteurs de troubles.

Mayeur: « Ils mentent et ils le savent »

Yvan Mayeur a réagi très fermement fermement à ces accusations. « Le SLFP Police ment quand il dit que je n’ai pas donné les moyens suffisants ou que j’ai interdit une intervention. C’est totalement faux. C’est une honte. C’est de la diffamation et de la manipulation. Le SLFP ment aux policiers, à l’opinion publique et aux médias ».

M. Mayeur rappelle dans la DH qu’il n’avait pas son mot à dire. « Le bourgmestre n’est pas en charge du maintien de l’ordre sur le terrain. C’est le chef de corps qui est en charge de l’opérationnalité. C’est lui qui me demande les outils et les moyens dont il a besoin quand il passe un certain seuil. Lorsqu’il m’a appelé pour utiliser l’arroseuse, pour utiliser les gaz et pour arrêter les personnes, j’ai systématiquement dit oui. Ça ne se passe pas comme ils le disent. C’est du mensonge éhonté et ils le savent. Leur nouveau délégué à la ville de Bruxelles est l’ancien directeur du maintien de l’ordre. Ils mentent et ils le savent. »

Le bourgmestre estime encore le SLFP Police « n’aime pas que je dénonce les mauvais agissements de leurs membres et que je veuille remettre de l’ordre dans la police! ».

Le chef de corps clarifie sa gestion

Le chef de corps de la police de Bruxelles-Ixelles Guido Van Weymersch a clarifié samedi par communiqué le déroulement de la manifestation de jeudi.

Sur proposition de la police, le bourgmestre de la Ville de Bruxelles Yvan Mayeur a donné comme directives pour que la manifestation se déroule paisiblement d’opter pour un dispositif discret et une intervention policière en cas d’incidents graves ou au cas où les manifestants quitteraient l’itinéraire convenu. Lors des premiers incidents à hauteur de l’avenue Fonsny, il a été décidé de ne pas intervenir immédiatement, étant donné que des dizaines de milliers de personnes défilaient, elles, calmement sur le parcours prévu, boulevard du Midi.

Pour les services de police, la priorité était d’éviter que les fauteurs de troubles ne se mélangent aux manifestants paisibles. Au moment où une unité de police isolée se trouvait en difficulté, les renforts nécessaires ont été déployés sur le champ. Il a également été décidé de retirer temporairement les unités de police pour éviter de devoir refouler les fauteurs de troubles dans la masse des manifestants, ce qui aurait risqué de blesser des personnes pacifiques. La consigne d’utiliser le gaz et les autopompes a été donnée afin de créer une distance entre les services de police et les perturbateurs.

Dès la fin du cortège, il y a eu ordre de disperser les fauteurs de troubles et de procéder à des arrestations. Entre-temps, les différents services de police concernés, en étroite collaboration avec le parquet de Bruxelles, ont commencé à identifier des auteurs en vue de pouvoir les poursuivre. Un débriefing a ensuite eu lieu entre les zones de police et les autorités administratives, précise le chef de corps.

112 policiers blessés et 43 arrestations

Par ailleurs, des précisions sur les dégradations, les arrestations et les nombres de blessés dans les rangs des policiers ont été données samedi après-midi par la porte-parole de la zone de police de Bruxelles-Ixelles, Ilse Van de keere.

Au niveau de la zone Midi, un policier a déclaré être blessé plus tardivement, faisant passer le nombre total rapporté par le parquet de Bruxelles pour la zone de 36 à 37. Le bilan provisoire s’élève donc à 112, et non plus à 111 policiers blessés.

Au niveau des treize arrestations de la zone Bruxelles-Ixelles, il y en a eu huit administratives et cinq judiciaires. Pour ces dernières, deux personnes ont été mises à disposition du parquet de Bruxelles. Une a fait l’objet d’une citation à comparaître dans le cadre d’une procédure accélérée et l’autre a été placée sous mandat d’arrêt.

Au niveau des trente arrestations faites par la zone de police Midi, 27 ont été administratives et trois judiciaires.

Des procès-verbaux ont été dressés pour 62 véhicules dégradés et onze véhicules incendiés, dont quatre totalement brûlés. Cet état des lieux a été réalisé à la fin de la manifestation.

Ilse Van de keere conseille aux personnes qui iront encore porter plainte pour la dégradation de leur véhicule de préciser si celle-ci a eu lieu durant la manifestation. Un travail d’identification est en cours. Il permettra d’ouvrir une enquête pour confronter les auteurs à leurs responsabilités.

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