© Filip Naudts

Non à la note Di Rupo (Herman Matthijs)

Dans une carte blanche pour le Knack.be, Herman Matthijs, Professeur d’administration et de finances publiques à la Vrij Universiteit Brussel, dit non à la note d’Elio Di Rupo. « Ce n’est pas la révolution copernicienne annoncée depuis longtemps », affirme-t-il.

Professeur d’administration et de finances publiques à la Vrij Universiteit Brussel, Herman Matthijs s’est souvent aventuré sur le terrain politique au cours de ces derniers mois. S’il se distingue par son indépendance d’esprit, ses positions sur le plan socio-économique sont assez proches de la droite (ultra-)libérale façon N-VA. Au mois de janvier, il avait durement critiqué la note du conciliateur royal Johan Vande Lanotte, déclarant que son contenu en matière d’autonomie fiscale était « à mourir de rire ». Herman Mathijs s’est en revanche distingué au mois de mai dernier en soutenant le modèle d’une Belgique articulée autour de quatre régions à part entière : Flandre, Wallonie, Bruxelles, Communauté germanophone. Il se déclarait aussi favorable à la suppression des facilités dans tout le pays, ainsi qu’à l’élargissement de la Région bruxelloise à Rhode-Saint-Genèse, Drogenbos, Linkebeek, Wezembeek-Oppem et Kraainem (seule Wemmel resterait en Flandre). Dans le même élan, le professeur appelait chacun à abandonner ses tabous : une refonte profonde de la Sécurité sociale et de la loi de financement pour les francophones, une modification des frontières linguistiques pour les Flamands.

Pour Herman Matthijs, la note d’Elio Di Rupo est « le prolongement de la stratégie de « statu quo » du PS ». Selon lui, la note ne tient pas compte des changements structurels du système institutionnel, économique et budgétaire. Ce n’est pas une surprise puisqu’en juin 2010, « le PS n’était pas en faveur d’une réforme majeure ».

Sur le volet budgétaire, M. Matthijs reproche, entre autres, à la note d’Elio Di Rupo de ne pas tenir compte des recommandations de la Commission européenne et du FMI. « Cette note ne donne aucune indication sur la manière dont on va combler le déficit budgétaire de 20 milliards d’euros (…) d’ici 2015 », explique-t-il.

Selon lui, ce sont les commerçants et les familles qui travaillent qui payeront la plus lourde facture. « Il ne va pas résoudre le déficit budgétaire en réduisant le salaire des ministres de 5 % », affirme-t-il.

Le gel, pendant deux ans, des coûts du personnel et de fonctionnement de l’administration publique fédérale est en fait « l’introduction de la technique de crédit provisoire ». Mais la note ne précise pas si c’est également valable pour les investissements, qui sont « déjà très bas dans ce pays », écrit Herman Matthijs.

Sur le volet financier, le professeur critique le fait que la note perpétue le système actuel de subventions entre les Régions. « Ces subventions, par définition, n’encouragent pas la responsabilisation », explique-t-il. Et d’ajouter que « la note ne précise pas où le fédéral va trouver les fonds pour le refinancement de Bruxelles ».

« Cette note n’apporte pas une vision pour l’avenir », conclut-il. Elle conserve le système actuel et ne comporte aucune impulsion pour un nouveau système institutionnel viable.

« Est-ce la grande révolution copernicienne annoncée ? Clairement non. » Le pôle central reste le gouvernement fédéral, selon lui. C’est une note « typiquement PS avec beaucoup d’impôt pour combler les lacunes du budget ».

Pour la réforme de l’Etat, elle reste également traditionnelle : « certaines revendications flamandes sur le transfert de compétences et la scission de BHV sont accordées contre un projet de loi budgétaire en faveur de Bruxelles et de la Wallonie ».

Traduction M.G., et F.B.

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