Thierry Denoël

New B : une « autre banque », c’est possible ?

Thierry Denoël Journaliste au Vif

Le projet de nouvelle banque New B a réuni 13 000 souscripteurs en moins de deux jours. « Un succès inespéré », a commenté le président de la coopérative. Le signe, en tout cas, qu’une frange de la population ne veut plus des banques qui ont provoqué la crise. Ce n’est pas si surprenant.

Les promoteurs de la banque coopérative New B ont soigné leur communication. En escomptant séduire 10 000 coopérateurs en cent jours, ils avaient placé la barre très bas. Modestie du débutant ? Ou stratégie marketing ? En dépassant largement leur objectif en moins de 48 heures, ils ont pu, en tout cas, se faire mousser dans les médias. C’est bien joué.

En réalité, réunir 10 000 aficionados pour un projet de banque éthique, cela ne constitue sans doute pas un si grand exploit. Le contexte est favorable : les citoyens continuent à se méfier des institutions bancaires classiques, même si le secteur a été quelque peu assaini. En outre, le plafond de la participation des coopérateurs était fixé à 20 euros, ce qui représente un risque minime. Il apparaît également, et c’est logique, que bon nombre des 13 000 coopérateurs sont proches des soixante organisations (syndicats, ONG…) qui participent au projet.

Il faudra attendre le 6 juillet, jour de la première assemblée générale, pour se faire une idée réelle de l’engouement du public vis-à-vis de ce nouveau venu dans le monde de la finance. Il n’empêche, c’est un beau démarrage. Le président de la coopérative, Bernard Bayot, ancien avocat, fils de banquier et directeur du Réseau Financement Alternatif (RFA), fait preuve d’une volonté et d’un enthousiasme contagieux. Les trois principaux syndicats (FGTB, CSC et CGSLB) sont étroitement impliqués dans le projet. Les trois régions ont soutenu la phase d’étude de faisabilité. Les initiateurs de la coopérative disent avoir élaboré un dossier solide, notamment grâce à l’expertise de « financiers de haut vol ». Le premier tour de piste est appréciable considérant qu’il existe déjà une banque éthique, Triodos, en pleine croissance (15 à 20 %, chaque année).

Bref, le vent semble favorable à la concrétisation d’ici à 2015 (au mieux) de cette nouvelle institution financière qui « appartiendra à ses clients ». Cela dit, le métier de banquier ne s’improvise pas. Il est même devenu extrêmement complexe, surtout depuis l’époque où, il y a un siècle, les banques coopératives se multipliaient. New B devra présenter un business plan convaincant à la Banque nationale (BNB) pour se faire agréer et devra réunir des fonds propres suffisants pour répondre aux nouveaux critères de Bâle III. Ces contraintes en termes de réglementation et de capitaux ne sont pas minces.

Par ailleurs, les épargnants belges se montrent extrêmement conservateurs. En témoigne leur réticence à migrer de banque, lorsque la leur ne leur offre plus qu’un taux d’intérêt inférieur à 1 %. Le pari de New B est loin d’être gagné. Cela n’enlève rien à la nécessité de voir un tel modèle alternatif émerger. En se renforçant, le pôle des banques éthiques incitera les autres banques à se concentrer encore davantage sur leur métier de base. Le client en sortira gagnant. Rien que pour ça, on peut souhaiter que New B poursuive sur sa lancée.

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