Après l'affaire Publifin, le sort de Stéphane Moreau n'est pas encore scellé. © BRUNO FAHY/belgaimage

Nethys : « Moreau joue sa carte personnelle »

Ancien président d’Ores, le Verviétois Claude Desama (PS) s’oppose au démantèlement de Nethys qu’annoncent les propositions de rachat de Voo par Telenet et Orange.

Quel sera le futur périmètre des activités de Nethys ?

Il est très difficile de savoir ce qui se passe à Liège. Même un Jean-Claude Marcourt donne l’impression de ne pas savoir sur quel pied danser. Verviers et Huy-Waremme, n’en parlons pas, ils n’ont pas voix au chapitre. Enfin, on ne sait pas ce que veut Stéphane Moreau : il n’a plus officiellement de contacts avec le PS. Un système de buy out a été évoqué, c’est-à-dire une prise de participation dans Voo qui permettrait d’éviter de lui payer ce que la société lui doit. Il a des contacts tous azimuts, mais on ne voit pas bien la porte de sortie. Il est temps qu’à Namur et à Liège, on cesse la guerre un peu sotte des communiqués et qu’on se mette d’accord sur une stratégie.

Telenet et Orange ont fait des propositions de rachat à Voo. Le signal du début du démantèlement ?

Nethys a déjà répondu qu’il ne vendrait pas Voo mais, privé des revenus de Resa, Voo est en posture plus difficile et des investissements devraient y être réalisés. Le rachat par Telenet serait une gifle pour la région liégeoise. On voit comment Lampiris s’est fait avaler par le groupe Total. Au début, les sociétés offrent toutes les garanties qu’on veut, un an après, on est dans tout autre chose. Qu’on pense à l’argent public qui est allé dans ce grand projet industriel et qu’on s’assoit autour d’une table ! Les choix de Stéphane Moreau, c’est une chose, les intérêts de la région, c’en est une autre. Il faut que les Liégeois arrêtent une stratégie. Leurs leaders n’ont jamais cru qu’ils allaient se retrouver par terre, persuadés qu’  » on ne touche pas à Liège « ,  » nous faisons ce que nous avons décidé de faire « ,  » nous savons ce qui est bon pour nous « , et cela, au PS, au MR et au CDH. Même quand la commission Publifin a tiré ses conclusions, ils n’y ont pas cru ; les décrets De Bue et Crucke (NDLR : sur la limitation des revenus des dirigeants d’entreprises publiques et le retour de Resa dans le giron public), ils pensaient qu’ils ne seraient pas votés… Mais les Liégeois ont disparu de la table ! Pierre-Yves Jeholet (NDLR : ministre wallon MR de l’Economie) n’a pas le poids d’un type comme Marcourt et il n’a pas envie de jouer à ce jeu-là. Si Voo est racheté, Nethys risque d’être vendu par appartements : ce sera une double peine pour Liège. Indépendamment des emplois, Liege Airport et d’autres secteurs sont concernés.

Pour Claude Desama, il est temps que Liège arrête une stratégie.
Pour Claude Desama, il est temps que Liège arrête une stratégie.© Frédéric Sierakowski/Isopix

Quelle est la stratégie de Stéphane Moreau ?

Stéphane Moreau, je peux le comprendre, il en a pris plein la figure, il met en place une stratégie personnelle en renforçant la position de Nethys dans Liege Airport et dans Socofe. Le problème, c’est qu’il a concentré tellement de pouvoirs qu’il n’y a personne, à Liège, capable de le remplacer en dehors de Pol Heyse (NDLR : directeur financier de Nethys). Je l’ai vu quand j’étais président d’Ores : il connaît ses dossiers sur le bout des doigts, mais on lui a cédé tous les pouvoirs. Il dirige toujours Nethys avec son équipe restreinte. Le fait qu’on arrive près des élections communales n’arrange rien. A Liège, on se dit que si on laisse démanteler Nethys, on va se faire bouffer par le PTB. Il faut que les politiques reprennent la main et que Namur lâche un peu de la pression.

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