Najim Laachraoui © DR Police nationale

Le rôle présumé de Najim Laachraoui, dernier complice identifié

Trois jours après l’arrestation du suspect-clé Salah Abdeslam, l’enquête sur les attentats de Paris a franchi un nouveau pas lundi avec l’identification d’un complice présumé, Najim Laachraoui, dont l’ADN a été retrouvé sur du matériel explosif utilisé le 13 novembre. La police diffuse lundi, un avis de recherche le visant Najim Laachraoui.

Désormais « activement recherché », a précisé le parquet fédéral belge en annonçant cette identification, Najim Laachraoui, né le 18 mai 1991 et parti en Syrie en février 2013, était connu jusqu’à présent sous la fausse identité de Soufiane Kayal.

C’est sous ce faux nom qu’avait été louée à Auvelais, près de Namur, une maison utilisée pour préparer les attentats du 13 novembre à Paris. Des traces de son ADN ont retrouvées dans cette maison ainsi que dans la planque de la rue Henri Bergé dans la commune bruxelloise de Schaerbeek, selon le parquet fédéral.

Cet homme de 24 ans pourrait avoir aidé à confectionner les ceintures d’explosif. Son ADN a également été retrouvé sur « du matériel explosif utilisé lors des attaques », a indiqué à l’AFP une source proche de l’enquête.

Il a été jugé par défaut en février à Bruxelles dans le procès d’une filière de recrutement de combattants pour la Syrie et une peine de 15 ans de prison a été requise à son encontre.

Le 9 septembre, Laachraoui avait été contrôlé à bord d’une Mercedes à la frontière austro-hongroise en compagnie de Salah Abdeslam et de Mohamed Belkaïd, un Algérien de 35 ans abattu par la police mardi dans la commune bruxelloise de Forest. Les enquêteurs soupçonnent Laachraoui et Belkaïd d’avoir été en liaison téléphonique avec certains des kamikazes le soir des attaques.

Il y a, selon les enquêteurs, une « forte probabilité » pour que Belkaïd ait été le destinataire du SMS « On est parti, on commence », envoyé à 21H42 le 13 novembre par un des kamikazes du Bataclan à un téléphone localisé en Belgique. Un autre numéro belge avait appelé ce soir-là Abdelhamid Abaaoud, l’organisateur présumé des attaques, depuis le même endroit à Bruxelles.

Le 17 novembre, les deux visages de Belkaïd et Laachraoui avaient été captés par les caméras de surveillance d’une agence Western Union bruxelloise, où la fausse carte d’identité du premier a été utilisée pour faire un virement de 750 euros à Hasna Aït Boulahcen, la cousine d’Abaaoud, afin qu’elle lui trouve une planque en région parisienne.

‘Puzzle’ à compléter

Deux détonateurs ont été trouvés dans l’appartement perquisitionné mardi 15 mars rue du Dries, à Forest, et où une fusillade a éclaté, a confirmé lundi le parquet fédéral à l’agence Belga. Aucun produit explosif n’a en revanche été découvert.

« Nous avons pas mal de pièces (…) mais nous sommes encore loin d’avoir terminé le puzzle », a déclaré le procureur fédéral belge Frédéric Van Leeuw, lors d’une conférence de presse conjointe avec le procureur de Paris François Molins à Bruxelles. Si Salah « Abdeslam décide (…) de nous donner quelques explications, ça va donner une autre lumière sur le dossier et éclairer quelques zones d’ombre », notamment « le rôle de chacun » des protagonistes, a-t-il ajouté.

Selon son avocat Sven Mary, le Français de 26 ans « vaut de l’or » pour les enquêteurs belges avec lesquels il « collabore », et il refuse d’être remis aux autorités française en vertu du mandat d’arrêt européen qui le vise.

Pour François Molins, il y a « une forte attente de la justice et des victimes » pour qu’Abdeslam puisse être jugé en France. Selon la procédure du mandat d’arrêt européen, une décision définitive doit intervenir dans un délai de 60 jours à compter de l’arrestation, ou 90 jours en cas de recours.

Interrogé sur l’intention de Sven Mary de porter plainte contre lui pour violation du secret de l’instruction, le procureur de Paris s’est déclaré « très serein », rappelant que le code de procédure pénale français l’autorisait à « rendre publics des éléments objectifs tirés de la procédure ».

Inculpé au lendemain de son arrestation pour assassinats terroristes et participation aux activités d’un groupe terroriste, Salah Abdeslam apparaît « comme ayant eu un rôle central dans la constitution des commandos du 13 novembre », en participant à l’arrivée de certains jihadistes en Europe, et « dans la préparation logistique des attentats », avait dit samedi François Molins.

Il a notamment acheté le matériel nécessaire à la confection des ceintures explosives, et loué un appartement « conspiratif » à Alfortville (banlieue parisienne) ainsi que deux véhicules, avait-il précisé. Il s’agit d’une Clio noire ayant convoyé les kamikazes du Stade de France –et retrouvée dans le 18e arrondissement de Paris– et d’une Polo utilisé par le commando du Bataclan.

Les personnes disposant d’informations au sujet de Najim Laachraoui peuvent contacter le numéro 0800/30.300 ou contacter les enquêteurs via l’adresse avisderecherche@police.belgium.eu.

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