François Brabant

N-VA, bla bla

François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

L’ultime polémiquette au sujet du confédéralisme confirme que Bart De Wever est bien le gardien des clés politiques et médiatiques du Royaume. Mais elle ne mérite guère qu’on s’y attarde.

C’est le premier buzz de l’année politique 2013. Un buzz insignifiant, comme 99,9 % des buzz. On y verra juste une nouvelle preuve qu’au royaume de Belgique, c’est bien Bart De Wever qui donne le « la ». Un enchaînement de banalités sur le confédéralisme, quelques slogans ultra-connus prononcés lors de la fête de Nouvel An de la N-VA, et voilà toute la sphère médiatico-politique en ébullition. Quel ennui ! Ce qui étonne, comme à chaque déclaration de Bart De Wever, ce n’est pas la teneur de ses propos, mais l’hystérie qu’ils provoquent aussitôt. Le leader nationaliste s’est imposé comme l’alpha et l’oméga de la politique belge. C’est lui qui dicte le rythme des débats, l’ordre du jour des grands rendez-vous télévisés du dimanche midi. Il suffit qu’il ouvre la bouche pour que sonne le branle-bas de combat. Comme si le pays entier vivait constamment suspendu à ses lèvres, attendant que l’oracle anversois ouvre la bouche. C’est arrivé le 5 janvier. Alléluia, alléluia, Il a parlé !

Pour dire quoi ? Que la N-VA voudrait engager la Belgique sur la voie du confédéralisme à l’issue des élections de 2014, et que les douze mois qui viennent seront mis à profit par le parti pour clarifier son message. « 2013 est l’année idéale pour mettre cela en oeuvre. Qu’obtient-on en mélangeant les chiffres de 2013 ? Justement, 1302. » Soit l’année où eut lieu la bataille des éperons d’or, éternel fantasme des nationalistes flamands. What else ? « Pour l’électeur flamand, en 2014, le choix sera clair, a insisté Bart De Wever. Allons-nous avec la N-VA vers un changement nécessaire ou allons-nous avec Di Rupo vers une pression encore plus grande des travailleurs ? »

Tout ça pour ça ? Ben, oui. Tout ça pour ça. Rien de neuf sous le soleil. Depuis le printemps 2010, la N-VA n’a cessé de clamer dans toutes les langues (mais surtout en néerlandais) sa volonté de voir la Belgique basculer dans le confédéralisme. « Ralliée de fraîche date à ce concept politique aux contours flous, la N-VA en parle désormais avec la foi des convertis », écrivions-nous déjà en mai 2010. Depuis lors, Bart De Wever et ses principaux lieutenants ont enfoncé le clou à d’innombrables reprises. Jan Jambon, chef de groupe N-VA à la Chambre, s’est longuement exprimé sur le sujet en août dernier, dans une interview éclairante au Vif/L’Express. Morceaux choisis : « En 2014, notre objectif est de rendre impossible la formation d’un gouvernement fédéral sans la N-VA, pour que ce pays malade adopte enfin le modèle confédéral. » Dans cette hypothèse, quelles compétences resteraient, selon lui, gérées à l’échelon fédéral ? « Une poignée de matières, qui seront tôt ou tard transférées vers le niveau européen. La défense notamment. » Ainsi que les affaires étrangères, la diplomatie ? « Non, non, tranchait Jan Jambon. L’économie flamande est tournée vers l’exportation, davantage que l’économie wallonne, et cela peut avoir des incidences sur les affaires étrangères. La Flandre doit donc disposer de sa propre diplomatie. » Voilà qui a le mérite de la clarté.

En plaidant pour le confédéralisme, la N-VA ne renonce en rien à son rêve d’une Flandre indépendante. Tout juste accepte-t-elle – temporairement, tactiquement – de le mettre en veilleuse. Le confédéralisme, c’est un séparatisme qui autoriserait un fantôme d’Etat belge à conserver un drapeau et une capitale, mais pas grand-chose d’autre. Autant le savoir.

Et maintenant, parlons d’autre chose. 2013 nous attend.

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