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N-VA au pouvoir: frustration et désillusion

Muriel Lefevre

Trois parlementaires de la N-VA ont annoncé qu’ils ne seraient plus parlementaires. Mais pourquoi donc ?

Après Peter Dedecker (34) et Renate Hufkens (33), c’est Jan Vercammen (48) qui vient d’annoncer qu’il ne serait plus parlementaire. « J’ai décidé que je ne me présenterais pas pour un nouveau mandat en 2019. » C’est le troisième parlementaire N-VA à prendre la poudre d’escampette en peu de temps. Ce cardiologue, qui a continué à pratiquer ponctuellement durant son mandat, jette donc le gant. Il avait pourtant été propulsé à une belle troisième place sur sa liste en 2014 et entamé avec entrain son mandat au parlement. Dans son cas, comme pour beaucoup de membres de la N-VA, on peut parler d’une carrière éclair puisqu’il ne s’était encarté que deux ans auparavant.

S’il préfère désormais se concentrer à sa pratique en cardiologie et annonce se retirer « sans rancunes », il avoue tout de même que l’expérience l’a laissé quelque peu désillusionné. L’une des raisons qui l’ont poussé à faire ce choix est d’avoir été confronté à la lenteur du système. « Si l’on devait travailler au même rythme en médecine que parmi les élus du peuple, on aurait beaucoup de morts sur les bras. J’ai été content de découvrir cet univers, mais la politique a ses propres règles et son propre rythme. » Cette lenteur est aussi l’une des raisons qui ont poussé Renate Hufkens à quitter la politique. « Quand on est jeune et dynamique, le parlement peut avoir quelque chose de décourageant. On se sent un peu comme dans une tour d’ivoire. »

Pour les trois parlementaires, ce qui fut aussi déterminant c’est un manque d’impact. « En tant qu’individu, on ne peut pas vraiment faire la différence ». Élaborer des projets de lois qui ne sont jamais appliquées peut être des plus démotivant. Surtout qu’au coeur d’une si grande fraction, la N-VA compte 33 parlementaires, il faut se battre pour grappiller un peu d’attention. De quoi calmer les ardeurs des moins ambitieux. Enfin, constater que même le parti le plus puissant du pays n’a que peu de pouvoir a été une lourde claque pour beaucoup de novices en politique. « Quand on se trouve dans la majorité, on se rend bien compte que des accords clairs ont été conclus avec les autres partenaires. Et que même si vous avez 100 fois raison, le pouvoir est cadenassé. S’il vous arrive de tout de même vous épancher, vous obtiendrez l’attention des médias. Sauf qu’il a de fortes chances que tout ce ramdam ne soit qu’un feu de paille sans aucun impact concret » dit encore Hufkens.

À la N-VA, comme ailleurs, on subit donc la dure loi de l’usure du pouvoir.

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