Tom Vandyck

N’attendez plus grand-chose de Barack Obama

Tom Vandyck Tom Vandyck est journaliste et correspondant aux États-Unis pour le Knack.be

Cette nuit, Barack Obama prononcera son traditionnel discours sur l’état du pays. Les attentes sont particulièrement modestes. À peine un an après sa seconde investiture, le président américain se traîne avec du plomb dans l’aile vers la sortie.

Il est significatif que cette année le State of the Union, le traditionnel discours qui permet au président d’expliquer l’état de son pays ainsi que ses projets pour l’année à venir, ait été très peu évoqué. Ce désintérêt est sans doute moins lié à l’état des États-Unis qu’à l’état de la présidence de Barack Obama.

De plus en plus souvent, Obama est qualifié de « lame duck » (canard paralysé). Il n’arrive plus à rien. Le parlement, où les républicains détiennent suffisamment de votes pour bloquer à peu près tout, ne coopère pas. Il semble que les élections intermédiaires de l’automne prochain n’y changeront pas grand-chose.

Dès la fin de ces élections, l’attention de Washington se focalisera de toute façon sur la course présidentielle de 2016 (lisez Hillary Clinton contre Dieu sait qui) et les campagnes de réélection des membres de Congrès individuels. Là, Obama comptera tout à fait pour du beurre.

Obama pourrait donc aussi bien annoncer aux deux chambres réunies qu’il terminera son mandat calmement, sans faire de vagues.

Évidemment, il dira autre chose. Tout indique qu’Obama prendra son temps pour parler de l’inégalité économique qu’il a récemment qualifiée de plus grand défi de notre époque. Entre-temps, vous connaissez l’histoire : la plus grande partie de la croissance se retrouve dans les poches du pour cent le plus riche de la société. Tous les autres se retrouvent sur le carreau. Parlez-en par exemple au million et demi d’Américains qui ont perdu leurs allocations au chômage depuis le Nouvel An, parce que le Congrès ne les a pas prolongées. C’est une des mesures qu’Obama n’a pas réussi à faire passer au parlement. Les républicains n’ont rien voulu savoir, les allocations ont cessé et un grand nombre de personnes se retrouvent dans la misère.

Cette nuit, Obama annoncera donc qu’il veut changer cette situation. Mais que peut-il faire ? Pas grand-chose. Rappelez-vous le State of the Union de l’année passée. Quelques semaines après la fusillade sanglante dans une école de Newton (Connecticut), le contrôle des armes était le grand sujet. Comme il y avait un grand consensus public, on entendait partout que Washington serait obligée de suivre. Il y aurait des lois plus sévères.

Il n’en a rien été. Et en grande partie ce n’est même pas dû à Obama. Le système politique américain est rempli de goulots et de points de véto qui permettent à un parti d’opposition de coincer toutes les propositions. Par conséquent, ces dernières années on a assisté à la même situation : les républicains ont dit non, et donc c’était non.

Rappelez-vous aussi qu’Obama avait demandé une augmentation du salaire minimum. Là aussi, il n’en fut rien. Nul doute que le président en reparlera cette nuit.

Aussi, la Maison-Blanche a fait comprendre qu’Obama prendra l’arme de l' »executive action », ce qui signifie qu’il utilisera les pleins pouvoirs de ses compétences présidentielles pour faire tout ce qu’il peut sans le Congrès.

Seulement, pour un grand nombre de ses priorités – le salaire minimum, l’emploi et les programmes d’enseignement – il lui faut l’approbation du parlement qui en période d’élections risque très fort de lui faire défaut.

Jusqu’à nouvel ordre, Obama est désespérément coincé. Et à moins de développements très inattendus, le risque que cette situation se maintienne jusqu’en 2016 augmente chaque jour.

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