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Monsieur Maingain, soyez raisonnable

Pour la première fois depuis près de trente ans, une occasion unique de revoir la façon de faire de la politique en Belgique francophone se présente. Mais l’attitude de Monsieur Maingain semble pour le moment plus qu’équivoque.

L’omnipotent parti socialiste, qui domine la politique belge francophone depuis des décennies pourrait être rejeté dans l’opposition partout, à condition que les partis modérés, dont Défi, se mettent d’accord sur un programme de gouvernement. Outre la gouvernance qui doit être profondément revue, il s’agit aussi de revoir les orientations qu’on veut donner à la Wallonie et à Bruxelles.

Force est de constater en effet que 30 ans de domination outrancière du PS en Belgique francophone n’a ni permis de résorber le chômage de masse ou les déficits publics, ni d’améliorer l’égalité des chances, ni d’offrir un contre poids équilibré face aux revendications flamandes, et tout cela avec un taux de taxation général parmi les plus élevés d’Europe. Bref, en prenant un peu de recul, on ne peut que constater l’échec total de la mainmise socialiste qui s’est faite d’abord et avant tout au profit de ses mandataires, leurs familles et amis et ce au détriment de la très grande majorité des francophones.

Une fenêtre d’opportunité se présente enfin et pourtant, l’attitude de Monsieur Maingain semble pour le moment plus qu’équivoque. Monsieur Maingain, pourtant très fin connaisseur de la politique belge, de son histoire et du droit ne semble pas vouloir faire autrement, et autrement signifie d’abord et avant tout « sans le PS ».

Depuis trente ans, ce parti a été incapable de résorber, et même de diminuer les taux de chômage wallon et bruxellois. Comment se fait-il que deux régions situées au coeur d’une des zones géographiques les plus riches et les plus densément peuplées du monde, possédant des infrastructures routières, ferroviaires, aéroportuaires, fluviales, des universités, des hautes écoles, soient tellement à la traîne ? Est-ce une fatalité ? Bien sûr que non, puisque tout est là pour attirer l’activité économique en Wallonie et à Bruxelles. Il y a là une responsabilité politique dans les choix qui ont été faits et qui ont favorisé la situation actuelle.

Des choix à visée électoraliste ont été posés à certains moments et nos régions en subissent encore les conséquences : financement à perte de la sidérurgie, engagement massif et politisé dans la fonction publique, dérapage des finances publiques, augmentation massive des impôts, réformes dogmatiques de l’enseignement, réformes de l’état mal ficelées…. Et ceux-ci ont empêché un redéploiement du tissu économique et ont grevé pour longtemps les finances publiques belges d’abord, wallonnes et francophones ensuite.

Les mots « entreprendre », « indépendant », ou « bénéfices » sont devenus des gros mots en Belgique francophone, et cette propagande si bien véhiculée et imposée avec la complicité de syndicats complètement en marge de l’évolution du monde, devenus les défenseurs du conservatisme, de l’immobilisme et surtout de leurs privilèges (payement des allocations chômages, absence de structure juridique…) leur donnant tous les moyens et toute l’impunité pour agir comme un état dans l’Etat a eu pour conséquence une fuite des investisseurs belges d’abord, étrangers ensuite. A ce sujet, on peut faire un parallèle entre les grèves de l’hiver 60 et les grèves intempestives et sauvages du printemps 2016 qui ont certainement joué en défaveur des travailleurs de Caterpillar Gosselies face aux autres usines du groupe quand la décision fut prise depuis les Etats-Unis de fermer certaines usines. Il semblerait que ni le PS, ni les syndicats d’extrême gauche n’ont encore compris que dans le monde d’aujourd’hui, mettre en place un climat insurrectionnel favorise avant tout les licenciements… Et la venue de Google en Hainaut, cet espèce de trophée justifiant un triomphalisme cachant la perpétuation du désastre économique, ne représente pas beaucoup d’emplois en comparaison de la valeur économique des terrains qu’on leur a concédé à bon prix…

Pourtant, il est évident que la richesse d’un pays sans matières premières abondantes est créée presque intégralement par son secteur privé. L’Etat se finance d’ailleurs presque exclusivement sur les prélèvements faits sur ce même secteur privé pour pouvoir ainsi assurer ses missions essentielles : la justice, l’état de droit et la sécurité, la sécurité sociale, l’enseignement gratuit, la création d’infrastructures… Or la logique socialiste et syndicale depuis des décennies n’a jamais favorisé le secteur privé, mais un secteur public et parastatal jusqu’à le rendre hypertrophié et impossible à manoeuvrer, et ce au moyen d’impôts toujours plus élevés. Contrôlant ainsi le plus d’argent possible, l’état PS peut pratiquer une politique clientéliste qui garantit un maintien du parti au pouvoir par le saupoudrage au nom de « la défense des pauvres gens » alors que les missions premières de l’état (justice, sécurité, défense, affaires étrangères) sont, elles, délaissées.

En parallèle à cette gestion économique calamiteuse se sont négociées toutes les différentes réformes de l’état, au désavantage des francophones, particulièrement ceux habitants dans et autour de Bruxelles, principalement à cause du repli stratégique socialiste sur la Wallonie et de leur mauvaise gestion des affaires publique qui a créé cette situation de dépendance économique. Le résultat de ces réformes est l’état compliqué dans lequel nous vivons aujourd’hui, avec ces très nombreux niveaux de pouvoirs, une dilution des responsabilités, une compétition entre régions et un enclavement de Bruxelles. On peut se poser la question aujourd’hui de savoir si ces réformes n’ont pas créé plus de problèmes qu’elles en ont résolus.

Et puis enfin il y a les affaires, Charleroi, Publifin, Samusocial, dans lesquelles presque tous les partis étaient impliqués à différentes échelles, mais dont les mandataires PS étaient ceux qui en abusaient le plus largement, grâce à leur position ultra dominante, les autres ne ramassant que les miettes.

Le sens de mon propos n’est pas de dire que tout est de la faute du PS, car il n’a jamais gouverné seul, mais qu’il est temps de prendre du recul sur ce qu’a fait, et mal fait, le PS. Sans le PS, tout ne se résoudra pas, mais il est clairement vain de croire qu’avec eux, quelque chose changera que ce soit en Wallonie ou à Bruxelles. Et comment peut-on espérer que eux changent, quand on constate que les modernisateurs auto-proclamés du parti sont souvent des « (beaux-)fils de » ou « filles de » ?

Monsieur Maingain s’est toujours présenté comme le meilleur défenseur des Francophones et des Bruxellois. La meilleure chose qui puisse défendre les Francophones aujourd’hui, c’est une région francophone économiquement forte, un taux de chômage réduit et une indépendance financière totale. Sans cela, les francophones de Bruxelles et de sa périphérie seront encore demain les dindons de la farce des volontés autonomistes et expansionnistes flamingantes qui donnent encore trop souvent le « la » en Flandre.

L’un des monstres sacrés de la politique belge, Paul-Henri Spaak, a claqué la porte du PS il y a 50 ans, et sa fille n’a jamais rejoint le PS où elle aurait pu faire une belle carrière, mais bien le FDF. C’est le sens de l’intérêt général pour l’un, de celui de l’intérêt de tous les Francophones pour l’autre, qui ont guidé le choix de ces deux figures de la politique belge, pas des considérations politiciennes. Le temps presse, Monsieur Maingain, il faut agir aujourd’hui, et pas demain « sous certaines conditions » car gouverner sans le PS est non seulement possible, mais avant tout indispensable.

* Cet article présente uniquement l’avis de son auteur, nullement celui du MR ou de sa section locale d’Overijse.

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