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Mittal et Ford ont-ils trahi Liège et Genk?

Contraintes de s’adapter au contexte économoique et soucieuse d’augmenter leur rentabilité, les multinationales d’aujourd’hui n’hésitent pas à revenir sur leur promesses. Sacrifiant leur personnel et laissant impuissants les politiques. Symboles, en Belgique, en 2012, de cette réalité implacable: la condamnation des hauts-fourneaux d’Arcelor Mittal, à Liège, et l’arrêt de la chaîne de montage automobile de Ford, à Genk.

En 2012, le journal de l’actualité socio-économique belge s’est rempli de nombreuses pages noires. Des bastions du tissu industriel belge (wallon et flamand) sont tombés: Arcelor Mittal-Liège, Ford Genk (4 200 emplois perdus, minimum), Carsid, à Marcinelle (960 suppressions d’emplois), Photo-Hall (350), Philips (220), Durobor, à Soignies (350), Thissen/NextPharma, à Braine-l’Alleud (330), Hewlett-Packard, à Diegem (265), Dow Chemical, à Tessenderlo (une centaine), Belfius (900)…

Certains dirigeants de ces entreprises avaient pourtant juré il y a quelques mois ou quelques années que rien de grave ne se profilait, qu’aucune menace ne pesait sur l’emploi, que des investissements seraient réalisés. Or, il semble que les annonces les plus dures soient moins difficiles à admettre lorsqu’elles tombent sans que des promesses aient été faites et refaites auparavant. Comme si, en ne respectant pas sa parole, l’employeur en rajoutait une couche, presque pire que la première (la fermeture, les licenciements, etc). Plus blessante. Plus impardonnable.

« Parler de sincérité n’a pas lieu d’être, analyse pourtant Régis Coeurderoy, professeur en management stratégique à la Louvain School of Management (UCL) et à l’Ecole supérieure de commerce de Paris. On assiste à un choc entre une rationalité économique, basée sur une logique de profitabilité, et une approche politique, qui défend les intérêts d’une communauté, d’une région ou d’un pays. Il n’y a d’angélisme dans aucun des deux camps. Le dialogue entre ces deux interlocuteurs est un mélange d’engagement crédible et de cynisme. »

Ce n’est pas neuf, mais pendant longtemps, l’intérêt des acteurs économiques et celui du pays, identiques, se sont superposés. Et aujourd’hui, clairement, les femertures d’entreprises ou les lourdes restructurations choquent davantage la population dans son ensemble et une majorité de responsables politiques. « On est plus sensible au cynisme quand on n’a pas d’alternatives, détaille Régis Coeurderoy. Or, en Europe, dans le contexte de crise actuel, il n’existe pas de piste pour relancer la machine de l’emploi. On ne fait qu’enregistrer les pertes… »

Laurence Van RUYMBEKE

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