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Michel-Reynders: « Aucune réconciliation n’est possible entre eux »

Didier Reynders rêvait de devenir Premier ministre ? Charles Michel lui brûle la politesse. Malgré le ressentiment et la méfiance, les deux hommes forts du MR devront s’entendre. Mais leurs intérêts antagonistes pourraient fragiliser la coalition suédoise.

L’avènement de la coalition suédoise a débouché sur un immense paradoxe : Charles Michel a mis en oeuvre un plan imaginé, rêvé même, par Didier Reynders. Qui caresse depuis une décennie l’ambition d’entrer au 16, rue de la Loi ? Reynders. Qui a le mieux incarné la volonté de faire basculer le centre de gravité politique de la Belgique francophone ? Reynders. Qui a tenté, à Liège en 2006, au fédéral en 2007, dans les Régions en 2009, de mettre le PS dans l’opposition ? Reynders. Qui a tenté, à de multiples reprises, d’établir des ponts entre le MR et la N-VA ? Reynders. Qui devient Premier ministre, dans un gouvernement sans les socialistes, mais avec les nationalistes flamands ? Charles Michel, au nez et à la barbe de Didier Reynders.

Pour ne pas devoir assister à ce spectacle au cours des cinq années à venir, Reynders espérait devenir commissaire européen – une position de repli, en attendant des jours meilleurs. A l’image du général de Gaulle en 1946, le héros des libéraux francophones se serait retiré de la politique nationale, tout en restant un recours, au cas où. La volonté obstinée du CD&V de décrocher le poste de commissaire européen pour Marianne Thyssen a anéanti la stratégie de Didier Reynders. Qui a accusé le coup. « Pendant deux, trois jours, il a vraiment déprimé », dit-on.

Que va-t-il se passer maintenant ? Entre Didier Reynders et Charles Michel, le contentieux est ancien et profond, même s’il est aujourd’hui mis en sourdine. Ces deux-là pourront-ils cohabiter dans un même gouvernement ? A court terme, ni Michel ni Reynders n’ont intérêt à ranimer la guerre des clans. L’un comme l’autre sont des professionnels de la politique. Bon gré, mal gré, ils devront s’entendre.

Sous le sceau de l’anonymat, des mandataires MR résument : Didier Reynders fera en sorte que la cohabitation se passe bien, il ne cherchera pas à saboter Charles Michel, mais la méfiance entre eux restera totale. « Soyons clairs, aucune réconciliation n’est possible entre eux », constate, résignée, une parlementaire. Avant même que la fusée suédoise n’ait décollé, de nombreux libéraux redoutent son explosion en plein vol. « Ce n’est peut-être pas la coalition kamikaze, mais c’est à coup sûr une coalition casse-gueule », observe l’un d’entre eux. Or dans l’hypothèse d’une chute anticipée du gouvernement fédéral, c’est surtout le Premier ministre – en l’occurrence Charles Michel – qui risque de payer le prix de l’échec. Anticipant ce scénario catastrophe, certains font valoir que Didier Reynders pourrait alors reprendre l’ascendant. « Vice-Premier ministre, comme position d’attente, ce n’est finalement pas si mal », positive un fervent reyndersien.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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