Michel Ier risque fort de rester dans l’histoire comme le gouvernement de la zizanie

Avec un gouvernement qui ne cesse de se disputer comme le fait le gouvernement Michel, pas besoin d’opposition:à cause de leurs incessantes critiques ouvertes envers leurs collègues, les ministres placent leur propre gouvernement sur la sellette.

Ewald Pironet, journaliste au Knack, est pourtant d’avis que ce n’est pas le boulot qui manque : « Si le gouvernement ne s’attelle pas sérieusement à la simplification du système fiscal et à une gérance plus efficace, notre pays ne fera que péricliter. »

Pas plus tard que la semaine dernière il y a encore eu des échanges peu amènes autour du « tax shift » après que le ministre des Finances, Johan Van Overtveldt (N-VA), ait déclaré que celle-ci ne pouvait être limitée à une taxe sur les biens. Selon lui, on devra d’abord alléger les charges sur le travail en les déplaçant vers la consommation, ensuite envers les comportements polluants et enfin seulement sur les fortunes. Rapidement et de façon tonitruante, le vice premier Kris Peeters (CD&V) rue dans les brancards. Ce nouvel éclat illustre bien le fait que c’est lui le leader de l’opposition à l’intérieur du gouvernement. Il semble que Peeters fasse tout son possible pour se rendre de trop parce qu’on pourrait bientôt lui offrir un nouveau poste dans le privé. Celui de Eddy Bruyninckx par exemple, le CEO du Gemeentelijk Havenbedrijf qui quitte ses fonctions au printemps 2016.

Van Overtveldt a raison lorsqu’il dit que pour le tax shift on ne doit pas négliger la TVA et les accises. Mais, et peu importe la manière, une forme de taxe sur le capital doit voir le jour tant il est important de rétablir un certain sentiment d’égalité de traitement parmi la population. D’autant plus lorsqu’on sait, suite à une enquête réalisée par le Knack en début d’année, qu’une majorité des Flamands sont pour, même parmi les électeurs de la N-VA.

Une hausse des accises pour préserver notre santé et notre environnement est certainement possible. Nous sommes parmi les pays européens à payer le moins de taxes sur l’énergie, le transport, l’essence et le diesel. Et nous pouvons espérer optimiser les revenus issus de la TVA. Selon Bert Brys, expert en taxation à l’OCDE, on ne taxe que 48% de la consommation. Plus de la moitié échappe donc à l’imposition. « Suite aux exceptions et réductions en tous genres on pourrait dire que la TVA ne s’élève pas à 21 mais à 10 en réalité » précise encore Brys. L’ancien ministre des Finances Koen Geens, qui est du même parti que Peeters, a fait le compte: « Si les bénéfices de la TVA étaient au même niveau que la moyenne européenne, cela rapporterait 4,5 milliards. C’est suffisant pour faire baisser les charges salariales de 2%. »

Cependant, un vrai tax shift doit aller de pair avec une réforme de notre système fiscal, qui est pour l’heure beaucoup trop compliqué. Le professeur de droit fiscal, Michel Maus, appelle cela une fiscalité de lobby. Sous la pression de lobby, les gouvernements respectifs ont créé des cadeaux fiscaux pour certains groupes durant les dernières décennies. Celui qui en bénéficie est content. Tous les autres doivent payer des taxes. La déconstruction de cette « coterie fiscale », comme la surnomme l’avocat fiscaliste Victor Dauginet, doit être un des éléments du tax shift .

D’ailleurs quelle est la contrepartie du tax shift ? Que recevons-nous en échange de nos impôts ? Selon l’économe Moesen notre argent n’est pas bien dépensé par les gouvernements et nos fonctionnaires sont trop peu efficaces. « Les performances des autorités sont en dessous des moyens qui lui sont octroyés. »

La modernisation au niveau fédéral est sous la houlette du ministre de la Défense, Steven Vandeput, qui a également la fonction publique dans son escarcelle. Or il semble que ce dernier ne soit encore nulle part dans la réorganisation des services de l’état et de leur personnel. Il n’a pas d’ailleurs de grand plan stratégique et se dédouane en montrant du doigt les syndicats qui restent cramponnés à des droits obsolètes. Si le gouvernement ne s’attelle pas sérieusement à la simplification du système fiscal et à une gérance plus efficace, notre pays ne fera que péricliter. La chance est alors grande que Michel Ier restera dans l’histoire comme un gouvernement de la zizanie.

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