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Miam Monster Miam :  » Liège a maintenant besoin d’une vraie réflexion sur la ville « 

Le chanteur Miam Monster Miam est l’un des habitants les plus connus de Seraing. Il livre son ressenti sur la fermeture de la phase à chaud dans la sidérurgie liégeoise. Un témoignage brut, à fleur de peau.

Quelle a été votre réaction en apprenant que le groupe ArcelorMittal allait fermer définitivement les deux hauts-fourneaux B et 6 ?
Miam Monster Miam : Cela faisait déjà un certain temps que c’était dans l’air. On sentait venir la fin. On savait que la nouvelle allait tomber un jour ou l’autre, même si on ne savait pas quand.

Vous ressentez de la colère contre Mittal ?
Non. C’est un groupe capitaliste mondial. Ils sont cotés en bourse. La demande d’acier connaît des hauts et des bas. La crise économique n’en finit pas. Le système veut ça. Nos politiques le savent bien. On aurait pu se douter de la décision qu’allait prendre Mittal. Maintenant, ce qu’il faut, c’est une vraie reconversion, et non pas relancer un truc à moitié mort. Seraing et Liège ont besoin d’une grande réflexion sur la ville.

Vous avez l’impression de vivre dans une ville sinistrée ?
L’appauvrissement est visible, c’est clair. Le haut de Seraing reste plus ou moins chic, avec des maisons chères. Mais sinon, Seraing, ce n’est que de la crasse partout. Cela tourne comme à Charleroi. Dans les anciens quartiers qui étaient remplis de boutiques, il n’y a plus que des night-shops. La ville est déjà surendettée, à cause de la crise de Dexia, elle n’avait pas besoin d’une nouvelle catastrophe sociale. Pour les gens qui perdent leur emploi, c’est dramatique. En même temps, je ne peux pas m’empêcher de penser que la fermeture des hauts-fourneaux, c’est mieux pour la santé des habitants, pour l’écologie…

Que voulez-vous dire ?
ArcelorMittal n’a jamais fait d’effort pour réduire la pollution. Le local de mon label, Freaksville, se trouve à 500 mètres du haut-fourneau B, ma maison est un peu plus loin, près de la place Merlot. C’est dégueulasse. C’est infect. Vous trouvez normal, en 2011, que l’industrie se trouve encore en plein centre-ville ? Un haut-fourneau perché au milieu de la ville, pour moi, c’est une aberration. C’est comme si vous habitiez au milieu d’un cendrier, avec des cigarettes pointées sur vous et des particules qui vous retombent dessus en permanence.

Les élections communales ont lieu dans moins d’un an. A Seraing, le contexte sera forcément particulier. Que pourrait-il se passer ?
Rien. Il n’y a qu’Alain Mathot ici. A part le PS, les autres partis sont quasi inexistants. Seraing est une ville mal gérée et, malheureusement, je ne pense pas que ça changera. Les socialistes vivent encore de leur gloriole passée. J’ai récemment assisté à une réunion où Alain Onkelinx (NDLR : député wallon, frère de la ministre Laurette Onkelinx) était présent. Sur la sidérurgie, il tenait un discours complètement anachronique, en soulignant que cela représentait une aubaine pour toute la région et qu’il fallait en être fier. Je ne veux pas accabler les responsables politiques, je ne suis pas assez spécialiste pour donner un avis éclairé, mais j’ai l’impression qu’on n’a pas trop osé mettre la pression sur Mittal. On n’a pas fait grand-chose pour l’obliger à polluer moins, de peur qu’il touche à l’emploi. Mais quel emploi ? Les dernières personnes engagées dans l’entreprise, c’était surtout des intérimaires… Je connais beaucoup de gens qui travaillent sur le site d’Ougrée, on ne peut pas dire que c’était convivial. L’ambiance n’était vraiment pas top. Maintenant, il est temps de passer à autre chose, de réfléchir à une alternative pour remplacer tous les emplois perdus.

ENTRETIEN : FRANÇOIS BRABANT

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