© Menu Next Door/PG

Menu Next Door, nouveau bouc émissaire de l’AFSCA?

Stagiaire

Menu Next Door est-il victime d’un acharnement de la part de l’AFSCA ? C’est en tout cas ce qu’affirme son fondateur dans une longue plaidoirie adressée à l’agence fédérale en charge de la sécurité de la chaîne alimentaire.

Dans une lettre intitulée « AFSCA, mon amour », Nicolas Van Rymenant, fondateur de la start-up Menu Next Door, accuse l’agence fédérale de mener une campagne de harcèlement contre les particuliers qui cuisinent selon son concept. Il en profite pour adresser un message sur le monde des start-up aux autorités belges.

L’histoire de Menu Next Door a tout d’une success-story. Lancé en mai 2015, le site internet rassemble une communauté de plus de 450 particuliers passionnés de cuisine qui se relayent pour offrir plusieurs menus par jour contre une dizaine d’euros. Avec plus de 10.000 clients actifs dans la capitale belge, l’entreprise vient d’exporter son concept à Paris, tout en continuant de s’étendre à Bruxelles et dans sa périphérie. « Nous avons entre 50 et 100 demandes de nouveaux cuisiniers chaque semaine » nous explique Nicolas Van Rymenant, le fondateur du site.

Pas étonnant donc, de voir cette initiative citoyenne attiser la curiosité du fisc belge. Sous l’égide de l’AFSCA, l’autorité organise de nombreux contrôles chez les particuliers afin de s’assurer que toutes les conditions d’hygiène soient respectées. Selon le fondateur du site, ces contrôles ont une tout autre finalité et seraient loin d’être effectués pour des raisons de sécurité alimentaire.

Dans sa lettre, Nicolas Van Rymenant déplore un acharnement de l’AFSCA contre les cuisiniers de la communauté. Ceux-ci seraient devenus la cible prioritaire des agents de l’AFSCA, qu’il accuse également de privilégier le côté financier plutôt que l’aspect hygiénique : « 100% de nos cuisiniers (tous, sans exception !) ont passé le contrôle d’hygiène avec succès ! (…) On leur reproche simplement de n’avoir pas payé leur dîme à l’organisme fédéral chargé de les contrôler. »

Toujours selon Nicolas Van Rymenant, les cuisiniers amateurs seraient tous déclarés, même les plus occasionnels d’entre eux qui ne bénéficient pas d’un statut particulier : « Que ce soit un cuisinier qui arrondit ses fins de mois ou une mère de famille qui cuisine deux ou trois fois par an, tous doivent s’enregistrer auprès de la BCE (Banque-Carrefour des Entreprises) et payer la somme de 83 euros. A cela s’ajoute la cotisation annuelle à payer à l’AFSCA de 140 euros et la paperasse administrative. Et tout ça pour une activité sporadique ? Ce n’est pas adapté à l’économie collaborative que nous prônons.« 

L’uberisation de l’économie : un casse-tête pour les autorités belges

Au même titre qu’Uber, le modèle économique dans lequel s’inscrit Menu Next Door a tout d’une révolution face à laquelle les autorités tardent à légiférer. Plus qu’une critique sur l’agence de l’AFSCA, la plaidoirie du fondateur de la start-up s’adresse à l’ensemble de la classe politique. « En Belgique, nous fonctionnons avec des lois élaborées bien avant l’avènement d’internet. Elles ne sont pas adaptées aux acteurs de l’économie numérique comme Menu Next Door. En France, il y a une plus grande souplesse entrepreneuriale. Quand quelqu’un veut se lancer en tant que cuisinier par exemple, il peut obtenir le statut d’autoentrepreneur facilement et sans s’endetter. » nous dit-il.

Loin d’être opposé aux contrôles d’hygiène, l’entrepreneur déplore surtout une législation d’un autre temps, qui ne tient pas compte de la réalité d’aujourd’hui. Il se dit prêt à dialoguer avec les autorités, qu’il accuse de ne pas répondre à ses propositions. Parmi celles-ci, il aurait d’ailleurs proposé à l’AFSCA de payer les cotisations annuelles des particuliers.

L’AFSCA réagit

Dans un communiqué partagé sur son site, l’AFSCA rétorque : « Nos quelques contrôles, menés à la suite à des plaintes consommateurs (!), nous permettent actuellement de constater que le respect de l’hygiène est au rendez-vous et considéré avec grande attention par ces nouveaux chefs. Nous les encourageons d’ailleurs à poursuivre de la sorte car notre but est commun : une assiette sûre et un consommateur satisfait de son plat. « 

Elle tient également à préciser « qu’à partir du moment où une activité à lieu au sein de la chaîne alimentaire et que celle-ci n’est pas simplement « occasionnelle » (c’est-à-dire plus de 5 fois par an), alors le responsable doit se faire connaître de l’Agence et ouvrir ses portes au contrôleur lorsque celui-ci s’y rend dans l’unique but de s’assurer que l’activité a lieu dans les bonnes conditions, c’est-à-dire celles qui permettent de garantir la santé publique. « 

Si les deux acteurs souhaitent donc la même chose – une nourriture saine, cuisinée dans des conditions irréprochables et dans le respect de la loi – il semble qu’ils ne s’accordent pas encore sur la méthode à adopter pour y arriver.

Par Nicolas Claise

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