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Mario Danneels :  » Le prince Laurent a peur d’être abandonné »

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Alerte au Palais : treize ans après avoir révélé l’existence de la fille cachée d’Albert II, le journaliste flamand Mario Danneels dévoile les zones d’ombre de la vie du prince Laurent. Le Vif/L’Express publie, cette semaine, les « bonnes feuilles » de cette biographie.

Le Vif/L’Express consacre son dossier de couverture à la vie du prince Laurent. Rencontre avec son biographe, Mario Danneels, dont le livre, Le Pestiféré de Laeken, sort début octobre

Le Vif.be : Vous n’êtes pas le premier à écrire sur le prince Laurent. Beaucoup de rumeurs ont également été propagées par ses anciens mentors. Qu’est-ce que votre livre apporte de plus ?

Mario Danneels : J’ai voulu remplir les lignes manquantes du CV officiel du prince. J’ai aussi cherché à comprendre sa personnalité, pourquoi il est devenu l’homme que l’on connaît. Son caractère ressemble à celui d’autres membres de la famille royale.

Lesquels ?

En fait, chaque génération dans la monarchie belge a son Laurent. Je pense à la princesse Louise, fille de Léopold II, au prince Charles, frère de Léopold III, à la princesse Marie-Christine, fille de Léopold III. Comme Laurent, ce sont des rebelles et tous ont été confrontés à des soucis pécuniaires. Ils ont connu la faillite et Laurent s’est toujours plaint de manquer d’argent. Il y a une vingtaine d’années, il a soupiré, devant feu Karel Van Miert, commissaire européen, qu’il était le premier, depuis que sa famille règne, à être chômeur.

Quelles zones d’ombre de la vie de Laurent éclairez-vous ?

On sait peu qu’en 1984, le Palais, soucieux de le voir rentrer dans le « droit chemin », l’a expédié pendant un an à l’université franciscaine de Steubenville, dans l’Ohio, une institution fondamentaliste catholique proche du mouvement charismatique, dont les pratiques font frémir. Quelques années plus tard, Laurent, qui n’était plus le bienvenu ni chez ses parents au Belvédère ni au château de Laeken, est à nouveau prié de faire ses bagages pour les Etats-Unis. Il doit y effectuer des stages dans des multinationales et de grandes institutions. Hélas pour lui, sans briefing solide, sans diplôme et sans l’expérience nécessaire, le résultat sera désastreux.

Le prince s’est alors réfugié dans le domaine de la famille Solvay. Une période sombre, écrivez-vous.
Il était à ce point frustré et même dépressif que ses amis craignaient un geste de désespoir. Il avait la sensation d’être désapprouvé par tous. A presque 50 ans aujourd’hui, Laurent aspire toujours à la sécurité, à la reconnaissance des siens et il a peur d’être abandonné. Le phénomène psychologique est connu : s’il a si souvent agi de manière négative, c’est pour attirer l’attention. Il est comme un enfant sur un plongeoir. Il veut que son père le regarde, mais papa n’est pas là ou regarde ailleurs.

Entretien : Olivier Rogeau

Le vrai CV du prince, l’interview intégrale de Mario Danneels et des extraits de son livre, Le pestiféré de Laeken (éditions Jourdan), dans Le Vif/L’Express du 14 septembre.

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