Marc Descheemaecker : de la SNCB à la N-VA, et bientôt ministre ?

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

Après avoir dirigé les chemins de fer belges pendant huit ans, il rejoint les indépendantistes flamands. Un transfert qui illustre le virage à droite de la N-VA, davantage que la « flamandisation » du rail.

Le ralliement de Marc Descheemaecker à la N-VA continue d’alimenter les polémiques. De quand date sa proximité avec les indépendantistes flamands ? A-t-elle déteint sur sa gestion du rail ? Ce transfert illustre-t-il l’allégeance du patronat flamand tout entier à la N-VA ? La SNCB est-elle à ce point malade qu’elle pousse ses anciens hiérarques à vomir la Belgique ?

C’est en novembre dernier que Marc Descheemaecker quitte la SNCB, après huit ans passés à sa tête. Ce solide quinquagénaire résidant à Oostduinkerke aurait aimé poursuivre sa mission. Le gouvernement fédéral ne l’a pas voulu. Le patron déchu s’attelle alors à la rédaction d’un livre, Dwarsligger (Uitgeverij Van Halewyck), ce qui signifie à la fois « traverse » et « forte tête », qui paraît le 18 mars. Il y dénonce le dérèglement de la SNCB, gangrénée par les conservatismes, victime d’un organigramme absurde et d’une politisation effrénée. Huit jours après, Descheemaecker annonce qu’il poussera la liste N-VA aux élections européennes.

L’homme, qui a débuté sa carrière comme consultant pour le cabinet McKinsey, était étiqueté Open VLD. En le débauchant, la N-VA poursuit son pilonnage en règle des libéraux flamands. Marc Descheemaecker incarne aussi la ligne antisocialiste voulue par Bart De Wever : au cours de son mandat, il n’a cessé de s’opposer au SP.A, et en particulier à Jannie Haek, administrateur délégué de la SNCB-Holding de 2005 à 2013, ex-chef de cabinet du vice-Premier ministre Johan Vande Lanotte.

Le flirt de Marc Descheemaecker avec le N-VA était-il prévisible ? Pas vraiment. Dans Dwarsligger, il évoque une possible scission de l’entreprise en deux compagnies, l’une flamande, l’autre wallonne. Mais il n’en fait ni une obsession, ni une revendication prioritaire. Les francophones qui l’ont côtoyé sont unanimes : jamais, ils n’ont constaté chez lui la volonté de défavoriser le sud du pays.

D’autres voix rappellent que, sous la direction de Descheemaecker, le rail wallon a tout de même beaucoup souffert : fermeture de nombreuses gares (Auvelais, Herstal, Couvin…), suppression du centre de triage de Ronet, reports incessants de la mise à grande vitesse de la ligne Namur-Luxembourg, suspension temporaire du Thalys empruntant l’axe Charleroi-Liège…

Finalement, l’arrivée à la N-VA d’un libéral pur et dur comme Marc Descheemaecker illustre surtout l’évolution… de la N-VA elle-même. Au nord du pays, il se dit que l’ex-patron de la SNCB pourrait devenir ministre des Transports, si la N-VA se maintient au gouvernement flamand. Avant cela, l’intéressé devra passer le cap du 25 mai. A la dernière place, il ne pourra compter que sur ses voix de préférence pour se faire élire au Parlement européen. Or sa popularité auprès du grand public reste à démontrer.

Dans Le Vif/L’Express de cette semaine, l’analyse. Avec : – L’avis de Rik Van Cauwelaert, éditorialiste au Tijd – L’opinion de François Bellot, sénateur MR spécialiste des questions liées au rail – La réaction de José Damilot, président durant 20 ans des cheminots FGTB A voir aussi : Piqué au Vif, sur Canal Z

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