La Peugeot 106 orange de Gharrafi Abdeslam aux proies des casseurs. © Reuters

Manif du 6 novembre: le manque de coordination policière confirmé

En exclusivité dans Le Vif/L’Express, deux nouveaux rapports confidentiels attestent de l’impréparation de la manifestation du 6 novembre et de l’éparpillement du paysage policier bruxellois.

Les cafouillages de la manifestation syndicale du 6 novembre dernier qui, par miracle, n’a pas viré au drame (dégâts causés par des manifestants et 120 agents blessés, tout de même), ont posé une loupe géante sur la complexité et les défaillances bruxelloises. La manif empruntait l’axe gare du Nord-gare du Midi et concernait donc trois zones de police relevant de huit bourgmestres différents: Bruxelles Nord (Schaerbeek-Saint-Josse-Evere), Bruxelles-Capitale-Ixelles et Bruxelles Midi (Anderlecht-Saint-Gilles-Forest). Bruxelles-Ville devait exercer le leadership.

Le Vif/L’Express a eu accès à deux rapports confidentiels du débriefing organisé par la police de Bruxelles-Capitale-Ixelles, le 14 novembre.

Le premier (9 pages) a été dressé par un commissaire et un inspecteur principal de la zone de police d’Uccle, sur le terrain le 6 novembre. Il pointe une absence de coordination dans le chef de Bruxelles-Ville: « Il n’y a pas eu de réunion de coordination entre les zones et leurs autorités administratives respectives. Il y avait donc trois ordres d’opération différents avec des seuils de tolérance et des instructions différentes émanant des autorités administratives et, au final, sur le terrain, trois responsables compétents pour leur propre territoire. » Les zones de police concernées avaient peu réfléchi à leurs « points critiques » (tour des Finances, zone neutre, siège du MR, SPF Emploi, tour des Pensions). De plus, les « moyens spéciaux » (canons à eau et gaz lacrymogènes) se sont révélés totalement inadéquats face à la violence de certains manifestants (environ 300). L’entraînement des hommes laissait à désirer, la police fédérale, dont c’est l’une des missions, n’organisant plus de formation depuis des années.

Les policiers ucclois reprochent à la police de Bruxelles-Capitale-Ixelles la mobilisation d’effectifs insuffisants (440 fonctionnaires de police pour une manifestation prévue de 80.000 personnes…), une analyse de risque lacunaire et une coupure entre le commandement, arcbouté sur ses consignes de profil bas, et les officiers de terrain qui ont « subi » les événements. D’après Uccle, ce « scénario apocalyptique » serait dû en grande partie au « malaise » qui règne actuellement entre la direction de PolBru (ancien petit nom de la zone) et le bourgmestre de Bruxelles, Yvan Mayeur (PS).

Commandé par le patron de la police bruxelloise, le second rapport (71 pages) relève que la police de Bruxelles avait la responsabilité opérationnelle du maintien de l’ordre mais le bourgmestre de la capitale, Yvan Mayeur, aurait dû mieux communiquer avec ses homologues. Sa place n’était pas nécessairement au poste de commandement, mais il devait avoir une « liaison directe » avec celui-ci. Disposait-il de cette « liaison directe »? Le rapport n’approfondit pas ce point, essentiel pour comprendre l’enchaînement des décisions (ou leur absence).

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec:

– la zone Midi et la zone Nord ont joué leur propre partition

– sur le terrain, les forces étaient trop peu nombreuses, dispersées et mal organisées

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