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Malaise au cdH après les décisions de Lutgen

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

En jouant un fameux coup de poker en se liant au PS et en rejetant brutalement la N-VA, Benoît Lutgen n’a pas fait que des heureux jusqu’au sein de son parti.

« Pour le moment, il est évident que chaque jour, nous perdons des électeurs. » Cette phrase désabusée d’un baron du CDH illustre à quel point le malaise grandit au sommet du parti, à l’heure où le MR négocie, seul, une coalition « suédoise » de centre-droit au fédéral. Si la présidence de Benoît Lutgen n’est pas – encore – menacée, certains de ses choix sont contestés en interne, que ce soit les négociations rapides ouvertes avec le PS dans les Régions ou, surtout, le refus radical de la note De Wever au fédéral, fin juin. « Dans les milieux chrétiens de droite, j’entends deux choses depuis ces événements, illustre un cadre humaniste. Un : Charles Michel, président du MR, est courageux de tenter le centre-droit. Deux : il est temps que De Wever nous montre ce qu’il sait faire. »

« Benoît est conscient qu’il a posé des choix qui vont renforcer l’image d’un parti scotché au PS, souligne un de ses proches. Mais il n’a pas vraiment eu le choix. C’était ça ou l’opposition à tous les niveaux de pouvoir. » « C’est un homme de principe, têtu, impulsif, susceptible à l’extrême, fuyant parfois, insiste une autre source. C’est un Ardennais, un vrai, pour qui les relations interpersonnelles priment. Dans ces moments cruciaux, il a géré le parti comme une succursale de la province de Luxembourg, en plaçant ses pions. C’est un fief important pour le CDH, c’est vrai, mais il en a oublié nos intérêts à Bruxelles, Liège ou dans le Hainaut. »

Chez les humanistes, les langues commencent à se délier, tandis qu’à la présidence, on nie tout remous en espérant une seule chose : que le président du MR Charles Michel, devenu l’ennemi juré, avale tellement de couleuvres face aux partis flamands au fédéral que le CDH n’aura qu’à se baisser pour ramasser les voix dans cinq ans. « C’est la version optimiste, murmure un ponte. Mais on risque aussi, à terme, un éclatement entre les ailes gauche et droite au profit du PS et du MR. » Une plongée dans les coulisses de l’après-scrutin permet de comprendre l’incroyable guêpier qui a poussé Benoît Lutgen à choisir la gauche.

L’enquête, dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

« Benoît a rencontré Charles un soir pour lui proposer de faire des majorités sans le PS à tous les niveaux de pouvoir  » « Tactiquement, un refus rapide à De Wever était une erreur » « Nous avions le sentiment que personne ne voulait réellement de nous dans cette coalition. Pire, on nous voulait du mal » « Le CDH a raté une chance d’améliorer son image en devant un pivot au centre du jeu fédéral » Benoît Lutgen – Charles Michel : la rupture

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